Récemment, une équipe de chercheurs menée par Uri Hasson de l'université de Princeton s'est livrée à l'expérience suivante. Pendant qu'une femme racontait une histoire à une audience de personnes prises au hasard, l'équipe a mesuré l'activité cérébrale de la locutrice et des auditeurs. Comment ? En plaçant tout ce beau monde dans un scanner et en pratiquant un IRM dit fonctionnel, c'est-à-dire un test consistant à analyser l'activité cérébrale à travers la façon dont le sang vient irriguer les différentes parties du cerveau. Dès qu'une région est sollicitée, elle reçoit un afflux de sang lui apportant aussi bien l'oxygène que les nutriments nécesaires à son activation. A ce moment-là, la zone en question s'allume sur l'écran de contrôle.
L'équipe de chercheurs a enregistré l'histoire telle que racontée par la narratrice et en même temps, ils observaient l'image de son cerveau. Comme ils disposaient en parallèle de l'image cervicale des auditeurs, ils ont pu faire ce constat : à un instant 't' donné, les zones activées chez la locutrice et chez les auditeurs étaient exactement les mêmes. Leurs cerveaux respectifs étaient synchronisés.
Ainsi, quand la narratrice émettait un message doté d'un fort contenu émotionnel, cela se matérialisait par l'activation de l'insula, une région du cerveau associée à des émotions fortes comme la colère, la peur, le dégoût ou la tristesse. Au même moment, l'insula des auditeurs s'activait. De la même façon, quand le cortex frontal - siège de la pensée logique - de la narratrice s'allumait, il en allait de même chez les auditeurs.
Traduction : par le seul truchement de l'histoire qu'elle racontait, la narratrice était en capacité de faire passer indifféremment des faits, des pensées, des idées et des émotions, directement et en temps réel dans l'esprit des personnes à qui elle s'adressait.
Etonnant, non ?
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