“All the stories being told in an organisation reflect its culture. And if you want to change a culture, you will need to change the stories being told.”
Lors de la mise en œuvre d’un projet de transformation au sein d’une organisation, je suis régulièrement sollicité sur la nature des choses à réaliser pour aider l’organisation à se mettre en mouvement dans le sens désiré. Ma recommandation consiste à construire un récit d’entreprise illustrant la traversée à réaliser. Cette traversée doit s’entendre comme un port d’appareillage et tout ce qui explique qu’on doive le quitter collectivement, la visualisation d’un port de destination sous la forme d’une promesse de mieux-être. Le récit organisationnel est ce qui permet d’aller de l’un à l’autre en surmontant toutes les épreuves qui ne manqueront pas d’émailler le trajet. Pour le construire, je propose trois étapes préalables :
- Recueillir les petites victoires (c’est-à-dire les historiettes montrant que la traversée est déjà entamée, que la voix du retour n’est plus envisageable) ;
- Constituer un catalogue de réalisations probantes (ou pour parler plus simplement d’histoires exemplaires montrant que le point de destination n’est pas hors de portée) ;
- Façonner des héros (ceux-là mêmes qui sont les protagonistes des réalisations exemplaires. Les héros ont déjà surmonté les difficultés du trajet ; ils sauront aider les autres à en faire autant) ;
A ce stade, le leader dispose de toute la matière pour construire le grand récit organisationnel.
Mais comment s’y prendre ? Je proposerais deux gestes de construction :
- Choisir les histoires passées qui étayent le grand récit (c’est-à-dire celles qui donnent à voir le point de destination et sa promesse consubstantielle, celles qui le rendent palpable) ;
- Raconter les histoires qui vont survenir (c’est-à-dire imaginer et narrer la façon dont les étapes à venir seront franchies, la manière dont les épreuves qui risquent de barrer le chemin seront surmontées jusqu’à l’arrivée au terme du périple) ;
A ce point, il suffira au leader de rappeler que l’organisation compte déjà en son sein des individus d’exception qui ont su, grâce à leur foi, leur courage, leur intelligence, passer les caps réputés infranchissables et laisser derrière eux les monstres les plus dangereux. Avant que Magellan n’effectue la première circumnavigation autour de la Terre, combien de caps Bojador a-t-il fallu franchir, combien d’Adamastors réels ou fantasmés a-t-il fallu vaincre ou repousser ? Pourtant une chose est certaine : plus d’un siècle avant l’exploit de Magellan et plus de 50 ans avant que Christophe Colomb ne découvre l’Amérique, un jeune prince portugais du nom d’Henri avait imaginé et raconté la possibilité de connaître par voie de mer toutes les terres immergées. Les récits précèdent toujours les épopées. Une fois celles-ci menées à leur terme, il sera bien temps d’en écrire la légende.
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