Alors que je me baladais récemment sur la piétonne de Nice, je tombai en arrêt devant une boutique de chaussures bien différente de celles que j'avais coutume de voir. La vitrine était décomposée en deux parties. D'un côté figurait un assortiment de chaussures aux couleurs vives et chatoyantes. De l'autre figurait un petit texte :
"La légende dit que, quelque part au plus profond du Minas Gerais (région aride du Brésil) lassé de marcher pieds nus, et d'entendre sa pauvre mère lui répondre NÃO à chaque demande de sa part pour acheter une simple paire de chaussures, le petit Adilson prit l'habitude de s'en fabriquer avec toutes les matières colorées qu'il récupérait dans les quartiers pauvres de Belo Horizonte. Au fil des ans, ses chaussures devinrent de plus en plus belles. Aujourd'hui, il se dit qu'Adilson est un homme heureux, à la tête d'une petite entreprise qui fabrique des milliers de chaussures multicolores pour le bonheur de tous. Lorsqu'on lui demandait s'il avait donné un nom à ses chaussures, il se rappelait sa mère et répondait invariablement NÃO, un sourire énigmatique aux lèvres... Ainsi naquit le nom de NÃO, c'est la légende qui le dit..."
En quelques lignes, je tombais sous le charme du message. D'autant qu'une autre histoire, plus didactique celle-là, vient compléter la première :
"La loi Brésilienne interdit le travail des enfants. Les chaussures NÃO sont fabriquées artisanalement, sous notre contrôle, par des adultes dans nos ateliers et cousues à la main dans certains quartiers défavorisés de la région du Minas Gerais au Brésil."
Et pan sur le bec pour cette autre marque de chaussures au succès aussi immense que détestable.
Bien sûr, je sais bien qu'il s'agit d'une légende. Mais voilà, j'ai envie de rêver. Et si en plus, la marque est sincère et effectue vraiment ce qu'elle dit qu'elle fait, c'est-à-dire se conduit de façon responsable, alors que demande le peuple. Et laissez-moi goûter paisiblement au plaisir simple qui transforme ce qui pour moi est d'ordinaire une corvée (m'acheter des habits ou des chaussures) en agrément délicatement teinté d'exotisme.
Bravo Mesdames et Messieurs de NÃO do Brasil ! Muitos parabéns.
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NB : J'ai juste repéré un petit hic. La région Minas Gerais est orthographiée avec un "i" tréma, alors qu'il n'y en a pas en portugais. C'est sans doute un détail, mais qui réduit un rien la portée du message en laissant planer un léger soupçon de doute sur son authenticité. Certes, on est bien loin du manque de respect des graphies locales qu'il m'est donné d'observer de façon quasi systématique aux Etats-Unis, mais bon, cela fait quand même un peu tache.
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