Au hasard de mes lectures, j'ai découvert cette belle phrase de Béla Tarr, le cinéaste hongrois :
" Je déteste les histoires puisque les histoires font croire qu'il se passe quelque chose. Or il ne se passe rien : on fuit une situation pour une autre. De nos jours, il n'y a que des situations, toutes les histoires sont dépassées. Il ne reste que le temps. La seule chose qui soit réelle, c'est probablement le temps. "
L'histoire et le temps ont toujours entretenu un rapport qui confine à l'inceste : enfants d'une même matrice, ils se nourrissent l'un de l'autre. Anne-Marie Garat va même jusqu'à prétendre que le récit est un pied-de-nez du démon, un détournement astucieux du Malin lorsque Dieu crée le temps.
Alors faut-il, à l'instar de ce que suggère Béla Tarr, nous affranchir des ornementations séduisantes du récit pour ne s'intéresser qu'à la matière première brute et aride qui fonde son assise, à savoir le temps nu, la durée pure ?
Commentaires