Petit clin d'oeil de Bombay, où je me trouve en ce moment, encore pour quelques heures avant de filer sous d'autres cieux...
Une fois, six aveugles vivaient dans un village. Un jour, ses habitants leur dirent :
" Hé ! il y a un éléphant dans le village, aujourd’hui "
Ils n’avaient aucune idée de ce qu’était un éléphant. Ils décidèrent que, même s’ils n’étaient pas capables de le voir, ils allaient essayer de le sentir. Tous allèrent donc là où l’éléphant se trouvait et chacun le toucha.
" Hé ! L'éléphant est un pilier ", dit le premier, en touchant sa jambe.
" Oh, non ! C’est comme une corde ", dit le second, en touchant sa queue.
" Oh, non ! C’est comme un serpent ", dit le troisième, en touchant sa trompe.
" C’est comme un grand éventail ", dit le quatrième, en touchant son oreille.
" C’est comme un mur énorme ", dit le cinquième, qui venait de buter brutalement contre son ventre.
" C’est comme une lance acérée ", dit le sixième, en touchant sa défense.
Ils commençaient à discuter, chacun d’eux insistait sur ce qu’il croyait exact. Ils semblaient ne pas s’entendre, lorsqu’un sage, qui passait par-là, les vit. Il s’arrêta et leur demanda : " Que se passe-t-il ? ". Ils dirent : " Nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord pour dire à quoi ressemble l’éléphant ". Chacun d’eux dit ce qu’il pensait à ce sujet. Le sage leur expliqua, calmement : " Vous avez tous dit vrai. La raison pour laquelle ce que chacun de vous affirme est différent, c’est parce que chacun a touché une partie différente de l’animal. Oui, l’éléphant à réellement les traits que vous avez tous décrits ".
" Oh ! ", dit chacun. Il n’y eut plus de discussion entre eux et ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité.
Car la réalité est relative et multiple. C'est du reste ces deux principes de relativité et de multiplicité, qui frappent quand on est en Inde. Le concept de nayavada permet de saisir le caractère multiple de la réalité sous sept angles différents, alors que le syadvada, lui, est le concept qui rend compte de la notion de relativité des choses. Pour être un petit plus précis, toute chose s'énonce selon quatre critères :
- la spécificité,
- la localisation,
- le temps,
- l'état.
Les deux concepts de nayavada et de syadvada alimentent à leur tour une doctrine chère aux adeptes du jaïnisme: l'anekantavada.
Quand je donne des cours de vente, je m'efforce d'enseigner que les produits changent de signification selon la personne qui regarde le produit, le moment et le lieu de son utilisation.
A croire que j'aie été un adepte du jaïnisme, sans le savoir ?
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