Parmi les histoires qui m'ont marqué, il y a le discours d'hommage rendu par William Clinton, début novembre 2005, à la mort de Rosa Parks. Rosa Parks, vous la connaissez tous. C'est cette femme noire, qui un jour, dans une ville du sud des Etats-Unis d'Amérique en proie à une ségrégation raciale rigoureuse, monte dans un bus et, dans un geste de défi ou de lassitude, décide de ne pas se rendre à l'arrière du bus, dans la partie réservée aux gens de couleur, mais s'assied devant, dans l'espace réservé aux passagers de couleur blanche.
Voici le discours de M. Clinton, dans sa version originale :
"I remember, as if it were yesterday, that fateful day 50 years ago. I was a 9-year-old southern white boy who rode a segregated bus every single day of my life. I sat in the front. Black folk sat in the back.
When Rosa showed us that black folks didn't have to sit in the back anymore, two of my friends and I, who strongly approved of what she had done, decided we didn't have to sit in the front anymore.
It was just a tiny gesture by three ordinary kids. But that tiny gesture was repeated over and over again millions and millions of times in the hearts and minds of children, their parents, their grandparents, their great grandparents, proving that she did help to set us all free." (1)
Cette oraison m'émeut profondément. Les mots prononcés sont simples et pourtant, à chaque fois que je la lis, je sens confusément les larmes me monter au visage.
Je me suis dit qu'il devait y avoir quelque chose dans la construction de l'histoire qui devait susciter l'émotion. J'ai donc décomposé sa structure et je suis tombé sur le schéma suivant en quatre parties :
Tous les jours... (je prenais le bus)
Jusqu'au jour où... (je décidais avec mes amis de m'assoir derrière en hommage au geste de défi de Rosa Parks)
A partir de ce jour, je découvris que... (le mouvement prenait une ampleur incroyable en se répétant un peu partout dans le pays, dans le coeur et dans la tête de millions de personnes)
Ce qui me permit d'apprendre que... (Mme Parks nous avait donné la clé pour nous libérer nous-mêmes)
Au fil du temps, je me rendis compte que cette structure était très communément utilisée à chaque fois que le narrateur cherchait à faire passer une idée forte ou une leçon de morale.
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(1) Voici la traduction par votre serviteur du texte de M. Clinton en français :
"Je me souviens, comme si c'était hier, de ce jour fatidique il y a 50 ans. J'étais un enfant blanc de 9 ans, du sud, qui prenait chaque jour un bus à sections séparées. Je m'asseyais devant. Les Noirs s'asseyaient derrière.
Quand Rosa nous a montré que les Noirs n'avaient plus à s'assoir derrière, deux de mes amis et moi, qui supportions fortement ce qu'elle avait fait, décidâmes que nous n'avions plus à nous assoir devant.
C'était un geste de rien du tout de la part de trois gamins oridinaires. Mais ce geste de rien du tout a été répété des millions et des millions de fois dans le coeur et dans la tête d'enfants, de leurs parents, de leurs grands-parents, de leurs arrière grands-parents, prouvant par là même qu'elle nous avait tous aidé à devenir libres."
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