C'est sur citation que s'ouvre le livre de John Edgar Wideman intitulé "Ecrire pour sauver une vie. Le dossier Louis Till". J'ai lu ce livre pendant mes vacances, juste avant que n'éclatent les événements de Charlottesville. Il y est question de la vie et la mort de Emmett Till, un jeune garçon noir, qui, en 1955, prend le train à Chicago pour rendre visite à sa famille dans le Mississippi. Accusé d'avoir sifflé une femme blanche, l'adolescent noir est kidnappé et assassiné. Ses meurtriers, blancs, seront acquittés.
Cela m'a rappelé une interview que Chinua Achebe avait donné quelques jours avant sa mort :
"J'ai grandi et commencé à lire des livres d'aventure, dans lesquels je ne savais pas que je devais prendre parti pour ces sauvages à la rencontre desquels venait le bon homme blanc. Instinctivement, j'ai pris fait et cause pour les Blancs. Ils étaient si bien ! Mieux, ils étaient excellents. Les autres, non... ils étaient stupides et laids. C'est ainsi que j'ai découvert le danger à ne pas avoir ses propres histoires. Il y a un grand proverbe qui dit que tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, le récit de la chasse fera toujours la part belle au chasseur. J'en compris la signification que bien plus tard. Mais lorsque j'en saisis la portée, je décidai de devenir écrivain. C'était impératif : il fallait que je devienne cet historien-là. Ce n'est pas la tâche d'un seul homme, d'une seule personne. Mais c'est quelque chose que nous devons faire, pour que cette histoire de chasse reflète aussi l'agonie, la lutte et pourquoi pas aussi, le courage des lions."
Pour reprendre la citation de Chinua Achebe servant de titre à ce billet, oui, toute histoire est vraie. Mais sa vérité n'est pas dans les faits qu'elle recèle. La vérité d'une histoire est à chercher dans l'intention de celui qui la raconte.
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