Si je vous suggère d'équiper vos imprimantes de BIOS disposant de la capacité de se réparer tout seul cela vous fait envie ? Je vois poindre sur votre visage une grimace d'incompréhension. Oui, vous avez raison, je me dois de vous donner quelques explications sur ce dispositif. Il s'agit d'une technologie innovante visant à la restauration automatique du micrologiciel de vos imprimantes dans l'hypothèse où ce dernier aurait été corrompu. Alors, partant ? Toujours pas ? Cette fois-ci, c'est moi qui montre de l'agacement. Alors, je tire mes dernières cartouches (de circonstance, quand on parle d'imprimantes, non ?). Allant encore un cran plus loin dans mon argumentaire, je vous affirme que cela vous permet de vous protéger contre toute tentative d'intrusion indésirable voire malveillante au sein de votre système d'information. Cette fois-ci, vous ne pouvez pas refuser, n'est-ce pas ? Et pourtant, j'ai toutes les raisons de croire que cette démarche de vente, pour structurée et professionnelle qu'elle apparaisse - je présente mon produit, je le décris, j'en énonce les avantages - a toutes les chances d'échouer.
Pourquoi ?
Parce que si elle est juste d'un point de vue rationnel, elle est à côté de la plaque sur le plan émotionnel. Au mieux, vous m'aurez convaincu. Mais de là à m'inciter à agir et à considérer l'achat de votre produit, il y a un monde.
Alors qu'est-ce qu'il manque ?
Tout simplement, une trame narrative, une mise en scène à travers laquelle je visualise en premier lieu un problème suffisamment critique pour que j'éprouve le désirer avec ardeur ce fameux BIOS doté de capacités d'auto-régénération.
C'est tout l'objet de la campagne de publicité d'HP appelé "The Wolf". Deux personnages en sont les héros : le "Loup", en premier chef, interprété par Christian Slater. Le Loup n'est ni plus ni moins qu'un esprit malintentionné qui veut hacker le système d'information des entreprises pour y voler des informations précieuses. Le génie d'HP consiste à nous raconter en mode thriller comment le Loup s'y prend pour arriver à ses fins. Il exploite les vulnérabilités du système au premier rang desquelles... les bonnes vieilles imprimantes.
Le scénario est simple comme bonjour. Une fois qu'il a accès au log des imprimantes, le Loup se balade sur les profils de tous ceux qui ont envoyé un ordre d'impression. Là il tombe sur une salariée haut placée dans la hiérarchie qui organise une petite sauterie pour son anniversaire. Il lui adresse par courriel une invitation pour un massage gratuit. La récipiendaire ouvre le message, imprime le bon... Le Loup profite de ce geste malencontreux pour hacker sa boîte de courriels. Et de proche en proche, il accède à des informations très sensibles et tout ce qu'il y a de plus confidentielles... En trois coups de cuiller à pot, le Loup vient de mettre potentiellement à genoux une institution de la finance internationale.
Quoi de plus flippant, de plus oppressant ?
Des pensées terribles parcourent mon esprit désormais. Mon système d'information est-il si fragile que ça ? Mes imprimantes sont-elles des cibles pour les prédateurs de la piraterie informatique ? En quelques secondes, j'ai basculé de la sérénité à la détresse. Je me croyais inexpugnable, me voici livré telle une proie sans défense aux pires avanies. J'étais pétri de certitudes sur la sécurité de mon système d'information, me voici ballotté aux quatre vents comme une girouette. Il y a quelques secondes encore, je n'avais pas de besoin ; maintenant, je suis en quête d'une solution de sécurisation de mes imprimantes.
Comme les gens d'HP sont des malins, ils savent qu'il est pas sain de laisser un interlocuteur dans un état de perplexité et de désarroi. C'est pourquoi, ils ont imaginé un deuxième acte après l'intervention du Loup, en mode persécuteur vicelard d'une victime qui n'est autre que vous-même. Place désormais à un nouveau personnage du Gotha hollywoodien, j'ai nommé Jonathan Banks, bien connu des amateurs des séries Breaking Bad et Better Call Saul. Et que fait Jonathan Banks, alias "The Fixer", soit, en bon français, le réparateur, ou mieux, le sauveur ? Il présente la fameuse solution de micrologiciel capable de détecter les intrusions non autorisées et de se soigner tout seul dans l'hypothèse où il eût été corrompu.
Un coup de semonce avec The Wolf. Vous êtes la victime d'un persécuteur malintentionné. C'est la secousse.
Un coup de pommade avec The Fixer. Vous avez de la chance : votre chemin a croisé celui du sauveur. C'est la rescousse.
... ou comment, en deux temps, habilement scénarisés et parfaitement interprétés, vous vous trouvez soudain à désirer ardemment remplacer votre parc d'imprimantes par les modèles présentés par HP, dès lors qu'ils sont les seuls du marché à offrir ce fameux BIOS capable de se réparer tout seul.
Belle orchestration, n'est-ce pas ?
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PS : Un grand merci à Alexandre Combessie pour m'avoir sensibilisé à l'existence de cette admirable campagne publicitaire d'HP.
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