La bienheureuse Ludovica Albertoni ne lasse pas de m'intriguer. Admirablement photographiée ici par Arnaud Frich, sa statue fut immortalisée par Bernin en 1674 et elle gît aujourd'hui à Rome dans l'église San Francesco a Ripa.
D'un côté, l'explication officielle mettra abondamment en valeur la vie exemplaire de cette femme qui consacra sa vie au secours des pauvres du Trastevere. Toujours selon l'hagiographie officielle, c'est alors qu'elle allait être terrassée par la fièvre qui devait l'emporter en 1533, que Ludovica trouva réconfort dans l'Eucharistie, en attendant impatiemment la mort pour s'unir au Christ.
Les convulsions du corps alangui de la sainte sont, toujours selon ces sources, les signes de l'extase qui la gagne au fur et à mesure que s'approche le moment de sa délivrance dans la mort. Ludovica se laisse emporter par la vague de plaisir qui submerge sa douleur. Quant à l'artiste, le Bernin, les critiques mettront sur le compte de l'âge (c'est sa dernière oeuvre), l'expression jugée excessive de pathos.
La bouche entrouverte, les yeux clos, plaquant le drapé au bas des côtes avec sa main gauche alors qu'elle se caresse le sein de sa destre, les genoux légèrement desserrés, tout dans sa posture n'est qu'abandon et jouissance. Et comment croire, sous le soleil de Rome, que les traits transfigurés de la sainte désignent l'extase mystique qui illumine, et non pas, plus trivialement, le plaisir qui inonde ? Equivoque sublime où le Très-Haut scelle une alliance inattendue avec sa créature, où le plaisir devient trait d'union entre l'esprit qui reçoit et le corps qui se donne... à moins que ce ne soit l'Esprit qui se donne et le corps qui reçoit.
Pour ceux qui aimeraient fréquenter d'autres figures de l'ambiguïté :
1. L’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645 (photo ci-dessous). Pour une interpréation sensible et sensuelle, je vous renvoie au très beau texte de Katrine Alexandre -- alias Mademoiselle K -- initulé "Jouissance et Sainteré" et paru dans la "Vénus Littéraire".
2. Dans le registre masculin, les représentations de David réalisées de la main des maîtres que sont Donatello, Michelangelo et le Bernin racontent aussi -- me semble-t-il -- une histoire où la jouissance vient couronner l'effort.
3. Jeanne d'Arc (Head of Sorrow) au musée Rodin à Paris. http://rodin-web.org/works/pix/head_sorrow_bronze_muro_25red.jpg
et comme elles ne sont pas de
marbre ( dixit Le Bernin)
elles auraient pu tomber en
saintes..
Rédigé par : Leroude | 22/11/2005 à 09:37
Bonjour !! Comment est faite la statue de "L'extase de sainte Thérése" ? Répondez-moi vite. C'est urgent.
Rédigé par : Justine Besnard | 04/11/2008 à 14:13
L'Extase de Sainte Thérèse du Bernin est faite (mais ne laisse pas) de marbre.
Rédigé par : Jean-Marc à Justine Besnard | 04/11/2008 à 23:38
Bonjour,
Je viens de voir qu'une de mes photos est présente sur votre blog. Il serait sympa de vote part de mentionner mon site : http://www.arnaudfrichphoto.com
et mon nom.
Merci d'avance.
Arnaud Frich
Rédigé par : Arnaud Frich | 16/06/2009 à 09:42
L'erreur est réparée. Avec toutes mes excuses pour la légèreté de mon emprunt.
Rédigé par : Jean-Marc à Arnaud Frich | 16/06/2009 à 22:44