Dans le débat qui secoue le pays autour de l'introduction du CPE, l'excès de polarisation autour du volet politique risque une fois de plus de masquer la réalité et d'engendrer des interprétations erronées.
A la lueur des chiffres mettant en évidence la dégradation de la situation des jeunes dans notre pays au cours des dix dernières années -- fragilisation des trajectoires, baisse du niveau de vie, taux de chômage en hausse -- une question se pose : à quoi servent les diplômes ?
La tentation est forte de dire "à rien". Pourtant, les statistiques sont explicites. Alors que le niveau moyen de chômage est de 22% chez les moins de 25 ans, il serait de 40% pour les jeunes sans qualification (une croissance de 10 points en 3 ans seulement).
Je ne comprends pas pourquoi les jeunes sont dans la rue : la précarité a envahi la sphère du travail bien avant que l'Etat ne se soucie d'aménager l'appareillage contractuel. Pourtant, je dois aussi reconnaître mon désarroi d'appartenir à une société qui laisse 1 jeune sur 5 sur le carreau (2 sur 5 quand le jeune en question n'a pas les diplômes qui vont bien) et où la classe d'âge des inactifs de plus de 60 ans gagne plus que celle des moins de 30 ans en démarrage ou en recherche d'activité. Pré-carré contre précarité ? A défaut de comprendre les motivations de ceux qui sont dans la rue -- comment peut-on aspirer à la sécurité à 20 ans ? -- j'ai peur d'assister à une belle manifestation d'égoïsme inter-générationnel.
PS - La précarité touche aussi les cadres sups et s'invite sur les planches. A voir : Top Dogs à Montreuil.
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