Trois destins tragiques où l'amour et la mort cohabitent étroitement. Cavaradossi, tout d'abord, dans Tosca de Giacomo Puccini, qui s'exclame au troisième acte, peu avant son exécution au Château Saint Ange :
E lucean le stelle... e olezzava
la terra... stridea l'uscio
dell'orto... e un passo sfiorava la rena.
Entrava ella, fragrante,
mi cadea fra le braccia.
Oh ! dolci baci, o languide carezze,
mentr'io fremente
le belle forme disciogliea dai veli !
Svani per sempre il sogno mio d'amore...
L'ora è fuggita
e muoio disperato !... (bis)
E non ho amato mai...
tanto la vita ! (bis)
( Les étoiles brillaient... la terre / embaumait... la porte du jardin / grinçait... un pas effleurait le sable. / Elle entrait, parfumée, / elle tombait entre mes bras. / Oh ! doux baisers, oh tendres caresses, / tandis que, frémissant, / je libérais la belle silhouette de ses voiles ! / Mon rêve d'amour a disparu pour toujours... / L'heure est passée / et je meurs désespéré !... / Et je n'ai jamais tant aimé la vie ! )
Et deux autres destins, bien réels cette fois, étonnants de similitudes malgré les 4 siècles qui les séparent : ceux de Caravaggio et de Pasolini. Le premier a peint la vocation de Saint Matthieu (église Saint-Louis-des-Français, Rome), le second a tourné l'Evangile selon Saint Matthieu. Dans les deux cas, il y a une enfance paisible mais trouble dans l'Italie septentrionale, le voyage à Rome, l'apprentissage de la gloire, l'amour des garçons, le goût de la provocation, le génie qui se joue des conventions, la course à l'abîme, l'opprobre, une plage près d'Ostie, la mort enfin, violente... et toujours inexpliquée.
Trois destins qui nous disent la même histoire et déroulent la même séquence : le refus de l'oppression, puis la répression subie et la suppression enfin.
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PS - L'enregistrement vidéo renvoie à la représentation donnée le 18 août dans les arènes de Vérone. Dans la peau de Cavaradossi, le ténor argentin Marcelo Alvarez.
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