Il y a quelques jours et pour la première fois de ma vie, j'étais à Dublin -- capitale de la république d'Irlande. J'y étais pour des raisons professionnelles. Ma présence s'inscrivait dans le cadre de l'accompagnement d'une équipe commerciale composée de télévendeurs allemands et néerlandais. A la fin de la journée de travail, coupe du monde de la FIFA 2006 oblige, je me suis trouvé embringué pour assister au match Brésil-Croatie. Après avoir galéré un tantinet dans les bouchons -- il semblerait que l'infrastructure ait du mal à suivre par rapport à la rapidité de la transformation économique du pays -- je me retrouve à l'entrée d'un pub australien au nom évocateur de "down under". Le pub est au niveau d'un premier sous-sol. On y accède par un escalier, directement à partir de la chaussée. Et là, dès les premières marches, je tombe en arrêt, interdit. En contre-bas, il y a une profusion de maillots jaunes de la formation brésilienne. Jamais, je n'aurais pensé que les Irlandais pouvaient être d'aussi ardents supporters des sud-américains. Ce sont plusieurs centaines de personnes qui chantent, alors que sont projetées sur des écrans géants les images des équipes au moment du passage des hymnes nationaux.
Et là commence ma surprise. En écoutant plus attentivement, je me rends compte que la clameur qui monte de la salle provient du chant à l'unisson de l'hymne national brésilien. La langue, l'accent chantant et nasal ne laissent pas de place au doute : les maillots jaunes sont sur les épaules de centaines de... brésiliens !
La suite sera plus logique compte tenu du contexte : chants, sambas, un but libérateur accueilli avec force hourras et abraços, un joueur de surdu qui bat la mesure pour accompagner les verde amarelos vers le but adverse, la Guinness qui coule à flot (on est à Dublin, pas à Rio), et beaucoup de cris de frayeur en deuxième mi-temps à chaque fois qu'un avant-centre croate porte le danger dans le camp sud-américain.
Des commerciaux allemands, des centaines de bésiliens chantant l'hyme national dans un pub australien et pour finir un restaurant sarde -- voilà le visage que je retiens de Dublin.
L'Irlande était le pays le plus pauvre d'Europe il y a un peu plus de 20 ans ; c'est désormais le plus riche. Les clés du succès ? Une fiscalité favorable aux entreprises, certainement, même si c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Car à côté de cette mesure, il y a, amorcées depuis déjà plus de 50 ans, une politique volontariste d'investissement dans l'éducation (développement du capital humain) et la libéralisation des échanges (tant pour les marchandises, pour les capitaux, que pour les hommes).
Le lendemain, le chauffeur de taxi qui me conduit à l'aéroport me raconte comment le boom économique a changé sa vie : avec 2 autres associés, il fait construire sur fonds propres un hôtel dont l'ouverture est prévue en septembre. En plein bouchon, il me sert aussi le couplet traditionnel sur l'impéritie des gouvernants à synchroniser le développement des infrastructures par rapport aux besoins de la société civile. Il évoque aussi la lenteur dans la conduite des chantiers.
"Nous avons besoin dès maintenant de 100.000 travailleurs en plus" me confie-t-il. "Alors vous savez, nous les étrangers on les aime bien". "Ce n'est pas comme chez vous", me glisse-t-il ensuite avec un sourire en coin. A bon entendeur, salut !
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Lors de la dernière décennie, le produit intérieur réel de l’Irlande par habitant a doublé, tandis que le taux de chômage national a diminué de 16 pour cent à moins de 5 pour cent. Cela a contribué à faire de la République irlandaise l’un des dix pays les plus riches du monde. Ce miracle économique est le résultat simultané du boom de la productivité à long terme remontant aux années 50 et 60 et d’une expansion soudaine et rapide de la production et de l’emploi.
Selon les statistiques de l'OCDE, en 1989, pour une base 100 correspondant au PIB réel par habitant aux Etats-Unis, la France était à 70 et l'Irlance à 50. Dix ans plus tard, en 1999, l'Irlande était à 74 et la France à 65. Aujourd'hui, toujours selon ce même organisme, le PIB par habitant est de 29.600 dollars en France. Il est de 35.800 dollars en Irlande, soit 20% supérieur à celui observé chez nous.
L'Irlande a effectivement connu une merveilleuse croissance mais c'est également un des pays d'Europe ou le taux d'endettement par foyer est le plus important
Rédigé par : dujardin | 21/06/2006 à 15:22
I want to go to Ireland :(. :D C'est mon plus grand souhait de pouvoir partir cette été avec des amis de ma fac !!!! Bonjour. Je suis tombé par hasard en cherchant des choses sur l'Irlande. Très bon article ! Intéressant! La Guinness ça va aussi pour le Brésil ! Au Brésil, c'est soirée samba, musique brésilienne et bière à gogo.
Rédigé par : Aly | 21/03/2008 à 16:52