Selon certaines sources (eh, eh !), le Nil tirerait son nom du terme grec Neilos (Νειλος) signifiant vallée. Mais d'aucuns associent au nom du fleuve le substantif latin NIHIL, rien. C'est peut-être une manière de révéler de façon elliptique le mystère qui a longtemps prévalu autour de la localisation de sa source. Admettons. Que dire alors de Moïse, dont le nom signifie "des eaux je l'ai tiré" ? De quelles eaux a-t-il été tiré ? Si, comme le veut la coutume, c'est la fille de Pharaon qui trouve Moïse bébé flottant dans sa corbeille en osier sur les eaux du Nil, alors, faut-il en déduire que Moïse fut tiré du néant, ex-ni(hi)lo ?
Une version plus prosaïque voudrait que Moïse ait été tiré des eaux comme tout un chacun, lorsque les mains expertes d'une sage femme (ou d'un chirurgien en cas de césarienne) nous ont fait quitter la poche de liquide amniotique dans laquelle nous avons baigné en qualité d'embryons. Moïse ne serait alors qu'une autre façon de prononcer le nom de l'Homme quand il quitte l'Eden de la vie foetale.
Comme le Nil qui rendait la vie possible en déposant sur les berges égyptiennes le limon fertile des hauts plateaux éthiopiens, le jeune Moïse nous a livré la parole (et les consignes) du Très Haut pour nous aider à cheminer dans l'existence. Le premier est une promesse de terre fertile ; le second est synonyme de voyage vers la terre promise. Ce sont des passeurs, des Hermès. Et comme tout passeur, ils portent avec eux un mystère insondable qu'il ne doivent transmettre à aucun prix : celui de leur origine.
Le Nil avait ses crues, le jeune Moïse était bègue. Tous deux portaient dans ce symptôme -- cette coïncidence -- impactant leur débit respectif d'alluvions ou d'allusions, un secret indicible.
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