Les mois du calendrier nous racontent-ils une histoire ? Après janvier et février qui renvoient à des pratiques ou des cultes ésotériques de la Rome antique, Mars introduit -- avec quand même quelques incertitudes pour avril et mai -- le cycle des dieux & déesses qui se clôt après le passage de la belle Junon (juin). Viennent ensuite les hommes illustres, les empereurs Jules et Auguste pour désigner les mois solaires. Voilà des hommes au destin si exceptionnel que leur nom deviendra commun. Puis, avec le retour des brumes matinales, apparaissent les nombres : à partir de septembre commence la litanie des comptines et ce jusqu'au 31 décembre.
Quelle histoire cette séquence nous raconte-t-elle ?
Au risque de paraître farfelu, je dirais que cette séquence nous raconte l'histoire d'une vieille pratique humaine : celle de la crucifixion. Après avoir célébré Janus, la créature a double-face symbolisant les passages, les commencements, les origines, nous mettons en croix les animaux. Les rites de purification du 15 février -- les lupercales -- mettaient en scène le sacrifice de chèvres et de chiens dont la peau, tressée en lanières, allait servir à fouetter les femmes pour les rendre fécondes. Puis viennent les Dieux et avec eux une nouvelle affaire de crucifixion. Les hommes célèbres suivent, eux aussi victimes de notre soif de sang. Et même si la mise en croix n'est plus en vogue, c'est sous la lame de la guillotine ou les coups de balles que tomberont Louis XVI et Nicolas II, le dernier des Tsars, donc des Césars. Avec le passage des noms propres aux noms communs, la pratique de la mise en croix prend un tour plus pacifique. Il s'ensuit le développement de la marotte d'inoffensifs cruciverbistes, même si certains esprits taquins voudront rappeler l'histoire des meurtres ancestraux en les dénommant les "oedipes".
Enfin, depuis maintenant près de 2 ans, dans nos journaux, les rubriques "mots croisés" voient leur espace grignoté par de nouvelles grilles, à base de chiffres cette fois. Le désormais fameux sudoku a fait une entrée tonitruante dans notre quotidien.
Après avoir mis en croix les animaux, puis les dieux, les hommes et les mots, nous voilà arrivés aux chiffres. A filer l'analogie avec l'histoire que nous raconte le calendrier, cela signifierait-il que nous arrivons à l'automne de l'aventure humaine ?
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