Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mon grands fils : M. 14 ans. C'est l'âge de la grande transition. L'enfance reste derrière comme un souvenir ; l'adulte se profile en toi avec des contours encore flous. La voix mue ; le ton devient plus rugueux. La voix, justement. Pas plus tard que vendredi, alors que je t'appelais pour te prévenir de mon retard à la réunion d'information animée par le proviseur du lycée sur le thème de la rentrée en classe des secondes, je tombe sur ton répondeur. Et là quelle ne fut pas ma surprise d'écouter un timbre enfantin m'expliquer "... je ne suis pas là pour le moment...".
C'est sans doute le moment de changer le message d'accueil sur ton répondeur.
Mon cher M. Tu es maintenant rentré de plain-pied dans l'adolescence. Tu le sais peut-être : l'adolescence est une période de transition un tantinet délicate ; veuille bien accepter ces quelques conseils sans prétention façon "guide du routard".
Il est certainement magnifique de devenir un homme. Pourtant, sur le chemin tortueux qui te mène vers l'homme accompli, il y a la perte des attributs de l'enfant que tu as été.
Quand tu te rendras compte de leur perte, ne les regrette pas. Souris aux croyances naïves qui t'ont accompagné jusqu'à présent. Accueille avec douceur et une pointe de détachement les découvertes qui se présenteront à toi. Là encore, souris.
Les adultes te diront souvent que "maintenant, tu abordes les choses sérieuses". N'en fais pas trop cas. Continue de sourire. Le sourire est le compagnon idéal des beaux moments qui t'attendent sur la route, de toutes ces "premières fois" que tu vas vivre.
Parmi ces découvertes il y aura l'amour. Là encore, ne regarde pas le passé. Ni le tien, ni celui des milliards d'humains qui sont passés par là à un moment donné de leur existence. Invente l'amour comme s'il n'avait jamais existé. Crée ta version, celle qui restera dans le coeur de ceux et de celles qui en seront les bénéficiaires.
Tu connaîtras des brûlures aussi. Ne cède pas à la tentation de t'y consumer, de t'arrêter au bord du chemin pour comprendre, analyser, imaginer ce que cela aurait pu être si seulement tu avais su, regretter... Souris. Reprends ton baluchon et taille la route.
Quant au balluchon, veille à ne pas l'alourdir inutilement. Cultive et garde précieusement les émotions, les émois et les connaissances : elles feront grandir ton coeur et ton esprit sans alourdir ton corps. Ce sont là les plumes rémiges de ta liberté. Défie-toi en revanche des objets. Leurs couleurs chatoyantes masquent souvent une pesanteur effroyable. Ta liberté de déplacement s'en trouverait limitée.
Voilà ce que je voulais te dire, M., sans vraiment savoir si je saurais trouver les mots justes. Alors, j'ai décidé de te l'écrire. Sur mon blog qui plus est. Ouvert aux yeux de tous. Quelle étrange idée, vraiment. Je suppose que si j'avais vécu il y a quelques décennies, j'aurais cacheté ce message dans une lettre à ton attention.
Avec un sourire aux lèvres et mon amour comme cicérone, je te souhaite bonne route, M.
Coucou ^^,
Bon, c'est un peu tard, d'accord, je le concède, mais :
"HAPPY BIRTHDAY, M !!!", et courage, c'est tous les ans la même chose !!!
Bonne continuation ^^
Rédigé par : Arquencielle | 14/09/2006 à 08:16
Bonjour Jean Marc, çà fait quelques semaines que votre blog est dans mes favoris et que je reste silencieuse, mais ce soir j'étais trop émue et si heureuse de lire le message adressé à votre fils. Il faudrait le publier, le traduire dans les millions de langues et dialectes...Et le placarder sur tous les murs du monde!
Elaine
Rédigé par : elaine k bond | 16/09/2006 à 02:02
Merci beaucoup pour votre message, Elaine.
Rédigé par : Jean-Marc | 16/09/2006 à 23:53
Slt, ca c'est mon adorable beau frère, il est trop gentil, on rigole bien ensemble
Rédigé par : Julien | 23/09/2006 à 08:40
bonjour
Je vous lis depuis quelques mois... Très émue par ce texte... me permettez vous d'en faire profiter, avec votre nom, mes filles, du même âge à peu près, ainsi que d'autres personnes ?
Rédigé par : valérie | 02/07/2007 à 14:33
Bonjour Valérie,
Comment pourrais-je dire non à une requête si joliment formulée ? Me direz-vous comment vos filles auront reçu ce texte ?Bien à vous. Jean-Marc
Rédigé par : Jean-Marc Bellot à Valérie | 03/07/2007 à 09:56
merci de votre autorisation.
Bien entendu, je vous ferai part de leurs commentaires...si j'en ai (c'est l'un des dommages collatéraux de l'adolescence... on ne vous dit plus tout)
Rédigé par : Valérie | 03/07/2007 à 23:39