De façon inattendue, la figure de Edward de Bono - que d'aucuns considèrent comme le père de la pensée créative - est apparue aujourd'hui lors d'un déjeuner fort animé avec un ami. En l'évoquant, je me suis aussi souvenu d'une belle énigme qu'il propose dans les premières pages de "Lateral thinking". Je m'en vais vous la conter...
"Il y a fort longtemps, dans la bonne ville de Londres, vivait un vieil homme fort pauvre. Il était si démuni qu'il devait s'endetter pour faire face à ses besoins les plus élémentaires, ainsi qu'à ceux de sa fille, qui était, il faut bien le préciser, fort jolie. Sa situation était de plus en plus critique puisqu'il se trouvait dans l'incapacité de rembourser nombre de ses créanciers et que, en ces temps-là, l'insolvabilité pouvait vous conduire directement au trou.
Or, il se trouve que parmi les créanciers de notre vieillard se trouvait un usurier au corps et à l'âme particulièrement mal tournés. Ce dernier en pinçait pour la fille du vieil homme. Constatant l'embarras financier dans lequel se trouvait son père, il lui vint une idée machiavélique : celle de proposer au vieil homme l'effacement de la dette en échange de la main de sa fille.
Le père et la fille restèrent muets d'effroi. Devant cette situation, notre Shylock proposa alors de laisser à la Providence le soin de trancher. Il suggéra de mettre un galet blanc et un galet noir dans un sac vide et de demander à la jeune fille de tirer au sort un galet. Si le noir sortait, elle deviendrait sa femme et le père se verrait affranchi de sa dette. Si elle tirait le blanc, elle pourrait rester libre de tout engagement vis-à-vis du prêteur et la dette de son père serait annulée. En revanche, si, par malheur, elle refusait de jouer le jeu, son père serait mené devant les juges et envoyé incontinent en prison.
De dépit, le vieil homme accepta les termes de la proposition. Alors qu'ils marchaient tous les trois sur un chemin parsemé de gravillons, l'usurier s'arrêta, se baissa pour ramasser des galets blancs & noirs. Puis, d'un geste rapide de la main, il lâcha deux galets dans le sac et jeta les autres. La jeune fille devint subitement livide. Elle venait de remarquer, grâce à une agilité visuelle hors du commun, que l'ignoble prêteur avait versé deux galets de couleur noire dans le sac.
C'est précisément à cet instant que le prêteur tendit le sac vers la jeune fille et lui demanda de tirer au sort le galet dont la couleur déterminerait son destin ainsi que celui de son père."
Imaginez-vous maintenant à la place de la jeune fille. Que faites-vous ?
Slt Jean-Marc,
j'attends la solution à ton énigme...préférant m'abstenir de formuler mon hypothèse cette fois-ci !
Rédigé par : christophe | 12/12/2006 à 21:12
Là encore, comme dans le cas des énigmes précédentes, la solution passe par une utilisation non conventionnelle de la logique... La jeune fille tire bien un galet dans le sac, fait mine de s'évanouir et lâche sa prise en simulant la chute. Puis, elle se relève péniblement et ne manque pas de s'excuser de sa maladresse. Enfin, d'une voix affaiblie par le trop plein d'émotion, elle déclare : "Après tout, ce n'est pas si grave... Il suffit d'observer la couleur du galet qui est resté dans le sac pour en déduire celle de celui que j'avais pris".
L'usurier ne peut pas révéler la supercherie. Ce serait admettre qu'il avait truqué la partie. Il se tait, donc.
Résultat : la fille est libre de tout engagement et le père voit sa dette annulée.
Elle n'est pas belle la vie ?
Rédigé par : Jean-Marc | 12/12/2006 à 23:10
" Elle n'est pas belle la vie ?"
-> elle est plus que belle la vie .
Votre énigme m'a laissée un instant inquiète :))
Rédigé par : colette | 16/12/2006 à 11:38
je vais m'amuser quelque temps je crois :)
Rédigé par : Nathalie | 11/03/2007 à 08:34
Je dénonce le tricheur!
Rédigé par : Arthémisia | 15/12/2008 à 00:32
De grâce, ne fais pas cela ! Ce serait fatal pour la fille & pour son père.
Pour sortir victorieuse de ce marché de dupe, la jeune fille doit créer les conditions pour confondre le vieil usurier. Une clé se trouve dans le Judith & Holopherne de la désormais fameuse Artemisia Gentilleschi. Sauras-tu la trouver ?
Rédigé par : Jean-Marc à Arthémisia | 16/12/2008 à 06:37
eh bien il faut lui offrir à boire!!!
Rédigé par : Arthémisia | 16/12/2008 à 21:49
Oui, c'est en soulant Holopherne que Judith fait perdre conscience au général ennemi. Ici aussi, le thème de la perte de conscience est fondamental. Mais c'est à la jeune fille de perdre le contact avec la réalité, ou du moins d'en simuler la scène.
Vois-tu maintenant où je veux en venir ? Si non, vas faire un tour sur l'avant-dernier commentaire
de ce billet, signé de mon seul prénom. Tu y trouveras la solution complète, Arthi.
Bonne journée à toi !
Rédigé par : Jean-Marc à Arthémisia | 18/12/2008 à 12:11
Ben... j'avais déja commenté et je ris du dernier commentaire en langue russe ! Bien à toi.
Rédigé par : NG | 16/10/2009 à 19:42