Je viens d'être pris, la main au collet, par Robin (et non Robie) - l'auteur du magnifique blog sur les fragments de géographie sacrée en terre berrichonne. En effet, je fais partie des 5 personnes qu'il a désignées pour prolonger la chaîne "bloguesque" et révéler à la face du monde 5 choses peu connues sur mon compte.
1. La "main au collet", justement. J'ai passé la plus grande partie de ma jeunesse dans un ravissant petit village de l'arrière-pays niçois (Saint-Jeannet), à deux maisons d'intervalle de la demeure où Cary Grant et Grace Kelly s'aimèrent dans "To Catch a Thief" (bizarrement traduit par "la main au collet" en français). Il y a 6 mois, alors que je rentrais du Mexique, j'eus la joie de revoir ce film dans le vol de nuit entre Mexico City et Paris. Un petit bijou de film auquel s'ajoutait l'émotion de voir "lou païs" à plus de 10 mille mètres au-dessus de l'océan.
2. A l'âge de 12 ans, par une belle nuit étoilée, après avoir scruté le firmament et ses constellations, je déclarai à mes parents incrédules qu'éclaterait prochainement une guerre entre israéliens et arabes. En effet, j'avais distingué dans le ciel un croissant qui ferraillait dur avec une étoile de David. Le lendemain, 6 octobre 1973, la guerre du Kippour éclatait.
3. Je fus à l'âge de 22 ans, le finaliste malheureux des "Chiffres et des Lettres" à Monaco. A l'issue de la partie jouée en direct, je rencontrai la princesse Stéphanie, mais nos rapports furent beaucoup moins passionnés que ceux que sa mère avait mis en scène avec le "chat" - le surnom de John Robie, alias Cary Grant dans La Main au collet. Il faut aussi bien avouer, dussé-je en souffrir, que je tiens difficilement la rampe face à lui ;-)
4. Bien que peu doué en sport et encore moins enclin à me plier à la dure discipline des entraînements, je fus recruté à plusieurs reprises par l'entraîneur de hockey sur gazon de l'équipe des HEC. Il faut dire qu'à chacune de mes apparitions, je réussissais à marquer des buts. Près de 25 ans plus tard, je n'ai toujours pas compris comment j'avais pu réaliser ces exploits à répétition. Le dernier en date fut en 1983 quand je marquai le 1-0 qui propulsa l'équipe en finale du championnat de France universitaire. Un débordement sur l'aile droite à partir de l'arrière, une passe à mon ami Frédéric Sanchez, qui prolonge le mouvement, direction le point de corner. Entre-temps, je pique au centre ; Fred m'adresse un centre en retrait au cordeau. J'arme, je tire et boum... en pleine lucarne. Imparable.
5. Les deux lectures qui m'ont le plus impressionné jusqu'à présent sont le passage intitulé "Le grand inquisiteur" dans les Frères Karamazov de Dostoïevski (ça c'est très connu) et un petit livre de Gesualdo Bufalino appelé "Les Mensonges de la Nuit" (ça, c'est très peu connu, sauf pour qui est amoureux ou amoureuse de la Sicile).
Eccoci.
Je n'en dirai pas plus. Sur ce, je passe le témoin à ceux et celles qui ont eu la gentillesse de laisser jusqu'à présent des commentaires sur mon blog. J'ai nommé Léna, Barbara, Sandra, Mr Boo et Alak.
Bonjour Jean-Marc,
Découvert avec plaisir ces cinq aspects (il faudrait plutôt dire inconnus que peu connus) de vous-même. J'ai eu la même réaction que vous devant la proposition : désarroi, puis amusement et même plaisir. Et je note que l'article a suscité, sur les Fragments, le plus grand nombre de commentaires que j'ai jamais observé. C'était un petit moment de dévoilement pudique où les personnalités diverses se sont en quelque sorte rapprochées.
Cela m'a donné aussi l'occasion de relire votre bel article sur la géométrie du divin. En écho, la géométrie du chaos nous invite à une réflexion sur la dialectique entre l'ordre et le désordre. Du chaos, l'art ne tire-t-il pas ses beaux effets ? La mise en scène du désastre ne nous fait-elle pas côtoyer le sublime ? N'est-ce pas au moment où la démesure est traduite par le nombre et le rythme que le chef d'oeuvre est atteint ? "Fixer les vertiges", éternelle tâche de l'artiste ?
Au plaisir de vous relire bientôt, Jean-Marc
Rédigé par : Robin | 21/01/2007 à 00:03
Robin,
Est-ce parce que nous autres humains nous évertuons à "fixer les vestiges" qu'il revient à l'artiste de "fixer les vertiges" ?
Ruines & décombres, on y revient...
Rédigé par : Jean-Marc | 21/01/2007 à 14:48
Jean-Marc,
What a blog! Very well done.
While not all the English let you walk on their grass, they are OK people. Given this, the south of France is still a better place to be than the north of America. Thinking of it at this moment in history, ANYWHERE in France is better than living in America! I hope they find their place again in the world.
Keep blogging!
R.
Rédigé par : Ross Chafe | 03/02/2007 à 15:10
Hi Ross,
Good to get some news from you.
I'm just back from a week in sunny Florida, and I could not agree more with your comment.
The more I travel to the US, the more I discover that people's freedom is outweighed by an incredibly-well-orchestrated sense of fear. Most messages broadcast by radios, TV channels, and conveyed by politicians are tweaked around the idea that the world is a dangerous place to live in, and that your only sanctuary left (if any) is your home... It looks like the sentence "There is so much going on out there", loaded with an expression of despair and undefined threat, has become the new American motto. Not extremely encouraging, indeed.
All the best to you and your lovely family.
Jean-Marc
Rédigé par : Jean-Marc | 10/02/2007 à 19:27
Jean-Marc,
I’m glad you had some recent time in the States. Your insight into their situation is exact. It will take many years and a lot of introspective thinking for them to come out of their dilemma. Unfortunately, American take so little time away from work that they rarely have the chance to think about life. The vast majority just think that they are passing through on the way to another place. Europe has so many good ideas to share with them, starting with lots of holiday time and ending with a society built on cooperation not competition.
I complement you on your English. Unfortunately, my French does not compare.
Ross.
Rédigé par : Ross Chafe | 26/02/2007 à 22:21
bah je me perds encore chez vous, ...coup de pompe faut que je décroche de spss
ainsi je découvre les cinq éléments peu connus de la vie de JM Bellot :)
j'adore!!!
je ris :)
Rédigé par : Nathalie | 16/03/2007 à 19:04
Connaissez-vous Massoins, village de l'arrière pays niçois ?
Vous m'avez donné envie de lire "les mensonges de la nuit".
Rédigé par : Traces | 20/05/2008 à 08:24
Non Traces, je ne connais pas Massoins. Où se trouve ce village ? Qu'a-t-il de particulier qui fasse qu'il ait retenu votre attention ?
Quant à Bufalino & ses "mensonges de la nuit", me direz-vous si vous les avez aimés ?
Rédigé par : Jean-Marc à Traces | 20/05/2008 à 10:38
Je suis allée à Massoins, il y a quelques années et j'avais trouvé ce village particulièrement agréable et la région magnifique. Connaissez-vous J.P. Jude? C'était un poète qui avait une maison à Massoins. Je ne l'ai jamais rencontré mais c'est chez lui que je logeais alors. Je garde aussi de vifs souvenirs de sa maison...
Oui... Je vous parlerai des mensonges de la nuit...
Rédigé par : Traces | 20/05/2008 à 18:51
les mensonges de la nuit sont épuisés...
Rédigé par : Traces | 21/05/2008 à 21:57
Et qui est le Père Eternel ?
Rédigé par : Jean-Marc à Traces | 21/05/2008 à 22:36
Bonne question.
Rédigé par : Traces | 21/05/2008 à 22:47
"Il faut remonter beaucoup plus loin car c'est à la source originelle que l'on trouve le vrai sans-nom."
***
"Et cependant je continue de chercher quelqu'un qui ne me comprendrait pas et que je ne comprendrais pas, car j'ai un besoin effrayant de fraternité."
Romain Gary (Emile Ajar) Pseudo"
Rédigé par : Traces | 22/05/2008 à 21:44
La voilà la question. Le vrai sans-nom... Les "mensonges de la nuit" sont épuisés. Réapparaît incontinent la figure du Père Eternel. Celui qui porte tant de noms, mais dont *** LE *** nom illustré par le tétragramme est imprononçable.
Aller à la recherche du "vrai sans-nom", c'est remonter à la source, au commencement. Berechit.
On n'aura jamais assez exploré la puissance des racines judaïques chez Romain Gary / Emile Ajar.
J'ai lu récemment "la promesse de l'aube". C'est admirable. Gary y raconte sa jeunesse entre humiliation, compassion et tendresse.
L'incompréhension aussi, avec cette phrase que j'aime tant : " Souvent, en rentrant du bureau, j'allume un cigare, je m'assieds dans un fauteuil, et j'attends que quelqu'un vienne s'occuper de moi. J'attends en vain. J'ai beau me consoler en pensant qu'aucun trône n'est solide à l'époque actuelle, le petit prince en moi continue à s'étonner. Je finis par me lever et par aller prendre mon bain. Je suis obligé de me déchausser et de me déshabiller moi-même et il n'y a même plus personne pour me frotter le dos. Je suis un grand incompris."
Oui. La fraternité est ce courant de compassion qui passe sans qu'on ait besoin de se comprendre. Il passe même sûrement mieux lorsque la compréhension n'est pas au rendez-vous.
Rédigé par : Jean-Marc à Traces | 22/05/2008 à 22:59