Au risque de paraphraser le fameux "J'aime me battre" de Jean Dujardin dans OSS 117, je dirai que, décidément, "j'aime le blog". Ce que j'y apprécie par dessus tout, c'est de pouvoir me laisser porter de lien en lien, d'un site à l'autre, d'un commentaire à un site, au gré de ma fantaisie. C'est l'idée de me perdre dans la foule des regards que nous portons sur le monde. C'est ce fanstasme qui me fait voir la réalité comme la somme des points de vue individuels agencés selon une construction kaléïdoscopique, prismatique.
Intuitivement, à chaque fois que je vais muser dans la blogosphère, je sais que j'ai des chances de fouler des contrées improbables, de combler des ignorances, d'exhumer des éclats de beauté insoupçonnés.
Tenez, aujourd'hui, je souhaite partager avec vous les deux découvertes que j'ai faites hier soir.
La première renvoie à l'étymologie du mot "ciao". Dans un billet consacré à ce thème, Barbara explique que le mot "ciao" vient du vénitien, qu'il est une déformation du latin médiéval "sclavum" (slave, esclave) et qu'il était utilisé pour dire "bonjour, considérez-moi comme votre esclave, votre obligé". Il s'agit donc d'une salutation initiale, ce qui explique pourquoi, en Italie, il s'emploie indifféremment pour saluer et prendre congé. Sympa, non ?
Ma deuxième découverte renvoie, elle, au métro parisien. A en croire les regards échangés dans les rames de la RATP, prendre le métro s'apparenterait pour beaucoup à une corvée, rébarbative et ingrate à souhait. Pourtant, à partir de maintenant, je sais qu'à chaque fois que je prendrai le métro, cela deviendra une fête, une exploration agréable et farfelue.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu'au lieu d'utiliser le plan du métro fourni par la RATP, je m'équiperai de celui, ci-dessous, élaboré par Gilles Esposito-Farese, astrophysicien et chercheur au CNRS.
En apparence, il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de la Régie. Pourtant, si vous cliquez sur l'image (ou mieux, si vous accédez à la vision en pleine page du plan dans le document d'origine) et que vous vous mettez à l'observer attentivement vous remarquerez que le nom des stations a été travesti. Chaque nom de station a été remplacé par une anagramme. A ce compte, vous pouvez, de retour d'une gay pride, entamer votre trajet avec un "Routier d'idylle" (Reuilly Diderot) pour découvrir à la sortie que ce n'était qu'un "Pédé phallocrate" (Porte de la Chapelle). Dorénavant, si vous vous ennuyez un dimanche après-midi, vous pouvez "préméditer un loto" à la Porte de Montreuil, assister à une "révolte d'andouille chevelue" à l'Hôtel de Ville de La Courneuve, attendre en vain à la Gare Montparnasse puisque, censément, c'est par là que "mon étanger passa". Etranglée de tristesse et de confusion, vous vous dites que c'est le moment de voir "sa psy" à Passy. Vaguement rassérénée, vous décidez de vous consoler définitivement en écoutant des "voix transafricaines" à Saint-François-Xavier.
Quant à moi, et même si ce n'est pas pour prendre le métro ou le RER, à chaque fois que je passerai à proximité de La Grande Arche de la Défense, je ne pourrai m'empêcher d'imaginer ce joli bâtiment comme un fard (un phare ?) de gala en déshérence.
___
[1] A tout seigneur tout honneur, j'ai découvert l'existence du plan anagrammatisé du métro de Paris sur le blog de Philippe Lipcare. Ici, pour être très précis.
[2] Si vous aimez les anagrammes, je vous invite à consulter régulièrement le blog d'Hélène Wolff-Eugène qui y consacre une rubrique mise à jour très régulièrement.
[3] La photo de la Grande Arche de la Défense est d'Arnaud Frich, dont vous pourrez admirer la collection virtuelle en cliquant ici.
Merci pour ces ballades bloguistiques Jean marc! Bises
Rédigé par : sandrette | 21/01/2007 à 21:16
Cher ami Jean-Marc
Le métro parisien comme anagramme. Quelle idée originale ! En sus, c'est un exercice pour tout scrabbleur qui cherche à pousser les limites de ses techniques sur un autre plan. J'ai apprecié l'etymologie du mot "ciao", qui vient de vénitien.
Mes amitiés,
Khalid, scrabbleur Marocain
Rédigé par : Beitelmal Khalid | 16/12/2009 à 16:31