Avant d'annoncer à Abram et Saraï, alors âgés respectivement de 99 et 90 ans, qu'un fils naîtrait de leur union, D.ieu établit une alliance avec le patriarche. L'Eternel en profite pour changer le nom des membres du couple.
"Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d'une multitude de peuples. Et l'on ne t'appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de peuples." (Gn, 15, 4-5)
Plus loin, dans le récit biblique, El Chaddaï annonce à Abram/Abraham :
"Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais son nom est Sarah. Je la bénirai et même je te donnerai d'elle un fils ; je la bénirai, elle deviendra des peuples, des rois des nations viendront d'elle." (Gn, 15, 15-16)
Après avoir écouté D.ieu, Abram/Abraham tomba face contre terre et sourit (vaytsh'ak). De ce premier sourire de la Bible, devait naître un enfant. Son nom serait ce sourire : Itsh'ak / Isaac.
En revenant au format originel du texte, en hébreu, il apparaît que, dans les deux cas, le changement de nom opéré procède de la même opération : l'adjonction de la lettre "hei" (ה) qui figure deux fois dans le nom imprononçable de D.ieu, le tétragramme : יהוה
En partageant avec Abraham et Sarah la lettre figurant deux fois dans son nom, l'Eternel scelle l'alliance (berith) de l'esprit. Or, le "hei" désigne en hébreu tout à la fois l'article défini (le/la) qui particularise, le féminin (ich : homme / ichah : la femme) et la direction (vers). Mais, "hei" désigne aussi la marque du questionnement. Dans son ouvrage consacré à Abraham, Raphaël Draï, spécialiste de la Torah et natif de Constantine, souligne également que la valeur guématrique de la lettre "hei" est de 5, soit le point médian qui coupe en 2 parties d'effectifs similaires l'ensemble des chiffres non nuls de 1 à 9. Il est symbole de médiation, donc. La bonne nouvelle est là : la stérilité du couple Abram/Saraï est vaincue, ils auront un (chiffre) fils, Isaac, premier sourire du Livre. D'Isaac naîtront des multitudes (nombres).
J'aime cette idée qu'une alliance entre D.ieu et l'homme s'incarne dans une lettre. J'aime aussi que cette lettre induise une polysémie où se mêlent le questionnement et la direction à prendre. Est-ce pour chercher le féminin ou le divin en chacun de nous, ou hors de nous ?
vaytsh'ak signifie en hébreu "il rira", ou "il se mit à rire" . C'est généralement traduit par "il sourit" dans les bibles en français à l'exception de celle de Chouraki, très proche du texte.
Pourquoi les traducteurs ont ils préférés le sourire plutôt que le rire ?
Rédigé par : georges | 29/01/2007 à 10:31
Merci Georges pour cette précision. La différence est de taille en effet.
Je ne saurai répondre à ta question, étant parfaitement incompétent sur la façon dont a été réalisée et validée la traduction en français du texte biblique. En revanche, ce que j'ai noté dans mon parcours de néophyte curieux des mots, c'est qu'il y avait effectivement des différences sensibles & nombreuses dans la façon dont les mots pouvaient être traduits d'une bible à l'autre. A titre d'exemple, lorsqu'est évoqué le changement de nom de Saraï, certaines bibles indiquent que le nouveau nom de la princesse, élue du coeur d'Abram/Abraham est Sara, d'autres Sarah. La première version passe complètement à côté de la symbolique associée à l'adjonction du "hei". J'ai aussi noté que Adam était fait d'humus (de terre) dans certaines bibles, de poussière dans d'autres. Là encore, la différence est de taille : principe de vie d'un côté, de mort de l'autre. Difficilement conciliables. Qui saurait / pourrait éclairer ce sujet ?
Rédigé par : Jean-Marc | 29/01/2007 à 15:10
Dans la première traduction de la bible en grec, la Septante, avant le christianisme, le mot utilisé est καὶ ἐγέλασεν, et il rit (d'après mon helléniste de fils). Il faut suivre la piste pour trouver le premier sourire, à suivre...
Rédigé par : georges | 29/01/2007 à 21:07
Entre rire ou sourire,
Mon coeur balance...
Veux tu entrer dans la danse?
Entre rire et sourire,
Mon coeur immense,
Trouve immédiatement la cadence...
Alors rire ou sourire,
Qu'importe?
C'est la Vie qui me porte....
;-)
Rédigé par : Florence qui sourit | 30/01/2007 à 12:46
Entre la culture et la parole, je préfère le coeur car il permet d'aller plus rapidement à l'essentiel mais chacun a le droit de prendre le chemin qu'il veut pourvu que celui-ci le mène à Rome !
Amitiés HOJIKA
Rédigé par : HOJIKA | 30/01/2007 à 17:57