Dublin est une ville fantastique : jeune, dynamique, cosmopolite à souhait. On y parle toutes les langues, il y règne un rien de frénésie et de chaos qui contraste singulièrement avec la torpeur dont semble affectée notre pays depuis plus de cinq ans.
Or hier soir, alors que je revenais d'une semaine passée dans cette ville, je me retrouvai coincé de façon inhabituelle à la douane de l'aéroport Charles de Gaulle. Je venais de m'apercevoir que j'avais égaré mon téléphone cellulaire sur le trajet. Autant dire que j'étais déjà de fort méchante humeur. La perspective d'attendre encore une bonne trentaine de minutes ne m'enchantait guère. La longue file d'attente faisait du surplace sur près de cinquante mètres, à peine ébranlée par des à-coups fébriles lorsque quelqu'un passait l'un des deux guichets de la douane. Pourtant, je résolus de ne pas céder à l'impatience et parvins à faire contre mauvaise fortune bon coeur. J'étais presque parvenu à stabiliser mes jauges émotionnelles quand j'entendis derrière moi : "Ah bravo les 35 heures. Elle est belle l'image de la France !"
Et là patatras : mon thermomètre à colère s'échauffe à nouveau. Le conduit à bile est prêt à exploser. Je suis à deux doigts de dire violemment mes quatre vérités à cet énergumène bien-pensant. Car enfin, je suis indigné d'entendre cette phrase revenir comme une antienne pour expliquer tous les maux dont nous sommes affectés. Et puis, s'il est vrai que la loi des 35 heures est discutable (je n'ai toujours pas compris l'obstination à légiférer sur la diminution du temps de travail), qu'est-ce qui a empêché pendant les 5 dernières années nos gouvernants de la filière RPR/UMP de l'abroger ?
Quelle sourde lâcheté accable nos plénipotentiaires actuels pour qu'ils se sentent obligés de rejeter sans cesse leur impuissance sur l'autre ? Pourquoi si peu de courage ? Quelle étrange obéïssance partisane amène les électeurs de droite à mettre un jour la faute sur Madame Martine Aubry et ses 35 heures, un autre sur les immigrés et leurs cohortes de plombiers prêts à envahir notre beau pays et en dernier recours à énoncer, avec un renoncement cynique que, de toute façon, les Français sont ingouvernables ?
Car enfin, si un match de football est injouable, on ne le joue pas. Si un plat est immangeable, on ne le mange pas. Si un peuple est ingouvernable, on ne le gouverne pas. Si un ministre emblématique ayant participé à plusieurs gouvernements singulièrement inactifs (au nom du "principe d'ingouvernabilité du peuple") et en situation d'échec au titre des résultats se présente comme président, on ne l'élit pas. Or c'est très précisément l'inverse qui est en passe de se produire.
En fin d'année dernière, aux USA, la faillite politique de George W. Bush a entraîné le basculement des Chambres au bénéfice des démocrates. En France, la débâcle politique des 5 dernières années va probablement être accompagnée de l'élection de l'un des artisans les plus charismatiques de cette faillite exemplaire. Paradoxal, vous ne trouvez pas ?
En créant un deuxieme tour Le Pen / Chirac les français ont fait la preuve de leur ingouvernabilité.
Comment reprocher à la droite de ne pas avoir hardiment réformé le pays sans avoir reçu du suffrage universel une réelle legitimité politique ?
Rédigé par : georges | 18/02/2007 à 09:10
La France n'a toujours rien compris et s'enfonce peu à peu vers l'obscurantisme en accordant sa confiance à un gouvernement qui propose des solutions soit-disant innovantes mais qui s'inspire principalement d'un modèle américain sur le déclin. En agissant ainsi, la France s' achemine lentement vers un sytème qui mettra vraiment à mal l'emblème de la France, "la liberté, l'égalité et la fraternité". Charismatique peut-être le gouvernement, mais que cachent ces mots qui se veulent soit-disant proches de chacun. Le fossé qui se creuse entre les couches sociales est de plus en plus large, les promesses ne sont que poudre aux yeux et l'économie stagne. Oui, elle pourrait être belle la France mais pourquoi faire simple lorsqu'on peut faire compliqué. Français, on vous ment, mais où est la vérité ?
Rédigé par : Laura | 23/09/2007 à 18:02