Lorsque j'ai commencé à "bloguer", il y a plus d'un an maintenant, ma tendre et belle me posait souvent cette question : "Mais qu'est-ce qui t'autorise à te prononcer sur tel ou tel sujet ?" A vrai dire, ma réponse tenait bien souvent à un tout petit mot de quatre lettres : "rien".
Pourtant, je ne me suis pas résigné pour autant. Je me suis lancé et ai commencé à écrire sur des sujets très différents, au gré de ma fantaisie ou de mon émotion du moment. Je suis devenu, bon gré, mal gré, un auteur sans autorité.
Et puis hier, patatras. Après la mise en ligne du billet "Liberté. Egalité. Fraternité ?", je découvre ce matin à la lecture d'un commentaire de Georges, que j'ai péché par ignorance sur au moins deux points :
- Un point de contexte. Avant de se lancer dans le récit de la parabole du bon samaritain, Jésus échange avec un légiste, un rabbin en somme. Ce dernier met Jésus à l'épreuve avec cette question : "Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?" (Lc 10, 25). Jésus lui répond par une question : "Dans la Loi, qu'y-a-t-il d'écrit ? Comment lis-tu ?" (Lc 10, 26). Fin connaisseur des textes, le légiste dit : "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même" (Lc 10, 27). La maxime chrétienne "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" est donc déjà bel et bien présente dans la Loi, dans le Lévitique, pour être précis (Lv 19,18).
- Un point d'interprétation. Lorsque Marie-Françoise Baslez évoque la rupture que représente le christianisme dans le fait d'étendre le principe de fraternité du prochain en tant que membre de d'une communauté au prochain en tant que personne, il y a erreur. Toujours dans le Lévitique, D.ieu rappelle : "Le métèque résidant avec vous sera pour vous comme l'autochtone parmi vous. Aime-le comme toi-même : oui, vous étiez des métèques en terre de Misraîm. Moi, IHVH-Adonaï, votre Elohîms." (Lv 19, 34 - traduction de Chouraqui). Dans la Bible de Jérusalem, le texte est le suivant : "L'étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d'Egypte. Je suis Yahvé votre Dieu" (Lv 19, 34 - Bible de Jérusalem).
Je retire plusieurs enseignements de cette histoire. D'abord que j'étais ignorant et que je ne le savais pas. Voire, que j'échafaudais des constructions intellectuelles sur des fondations erronées. Ma tendre et belle avait donc bien raison ; mea culpa. Pourtant, si je n'avais pas publié le billet "Liberté. Egalité. Franternité ?", voilà ce qui se serait passé :
1. Je serais resté dans l'ignorance, puisque Georges n'aurait pas eu l'opportunité de rétablir un certain nombre de faits ;
2. Je n'aurais pas eu la joie procurée par la lecture des messages de Ghislaine, Isabelle, Posuto et Robin. Qu'ils en soient remerciés.
3. Enfin, sans l'incident de ce matin et les conversations qui s'ensuivirent, je n'aurais peut-être jamais connu cette belle maxime d'un sage appelé Hillel, pratiquement contemporain de Jésus-Christ en terre d'Israël et rabbin comme lui :
« Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? »
Belle, certes, mais énigmatique ! Qui se propose d'en donner une interprétation ?
Au plaisir de vous lire...
Merci Jean-Marc!
Et quelle humilité! c'est un cadeau de vous lire!
:-)
isabelle
Rédigé par : Isabelle | 28/03/2007 à 10:50
je n'ai pas lu ce post Jean marc...j'ai l'esprit trop occupé ... trop de travail en retard entre autres...
toutefois ce titre.. m'a fait penser à ce livre: "micro motives, macro behaviour" de TC Schelling
Bien à Vous
Nathalie
Rédigé par : Nathalie | 28/03/2007 à 20:17
Le nombre d'auteurs sans autorité sur Internet...c'est fou...Mais c'est quand on est dans l'ignorance qu'on peut apprendre...(C'est d'ailleurs ce que je dis toujours à mes élèves!) ;)
Rédigé par : CC | 29/03/2007 à 22:35
Cette tentative d'explication de la phrase de Hillel doit garder bien sur son caractère d'intuition :
Peut-etre que pour Hillel, c'est Dieu qui l'interroge en ces termes afin que lui et ses disciples tentent de comprendre et d'entamer une discussion.
Dieu a dit à Moise : "je suis qui je suis" puis "je suis le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob" ici comme dans les trois questions de Hillel il ya les notions d'existence, de révélation, d'alliance, (Abraham) d'une terre, d'un Pays,(Isaac qui n'a jamais quitté sa terre) - si l'on n'existe que pour soi, on n'appartient pas à une communauté,- enfin de temps, d'avenir (Jacob et sa descendance - les 12 Tribus)
Il est dit que les disciples de Hillel approfondissaient tout autant leurs opinions que celles des disciples d'autres écoles... Alors il faut attendre d'autres propositions. C'est l'intéret des phrases énigmatiques, on ne peut pas s'empecher d'essayer....
Bien à toi.
Rédigé par : Ghislaine | 30/03/2007 à 11:49