Ce serait comme une pièce en quatre actes. Ci-dessous, quelques indications sur le scénario et des didascalies sommaires.
Premier acte. La libellule. Décor aérien, ciel dégagé. Le vol d'une libellule, que rien ne semble pouvoir entraver. Au moindre courant d'air, changement de décor. Pas d'attache, naissance d'un attachement indéfectible.
Deuxième acte. La libellule s'est posée. Une fleur délicate éclot. Une lobélie. Les arabesques dessinées par la libellule dans le ciel se prolongent dans la terre à travers les radicules de la lobélie. Premier ancrage terrestre ; première fixation. Passage du nomade au sédentaire. Prise de position, possession du terrain. Mais, avec tant de légèreté, aussi.
Troisième acte. Avec les années, le sillon s'est creusé en profondeur. La terre s'est faite pierre. La pierre s'est faite église. Scène de dévotion. Des hommes prient en silence. Livre contre pierre ; face contre terre. Sanctuaire de Lalibela. Elévation & profondeur. Pesanteur sur les hauts plateaux éthiopiens. L'émotion s'est assoupie, puis s'est tue. Elle a cédé la place à des forces telluriques. Dans le silence du temps qui s'écoule, se creusent les traverses de nos ressentiments futurs. Sourds aujourd'hui. Mais jusqu'à quand ?
Quatrième acte. Descente des hauts plateaux. Retour au niveau de la mer. Un port en Sicile consacré à Dieu. Mers-allah, ou Marsala en langue vernaculaire. L'eau. C'était l'élément qui nous faisait défaut pour compléter le triptyque. Après le gaz - le vol aérien de la libellule - puis le solide de la latérite ridée, creusée, fouaillée, nous sommes désormais en présence de la synthèse liquide.
Mais de quel liquide s'agit-il ? Est-ce la mer qui engloutit tout ce qu'elle vient caresser ou un alcool qui grise ? Alcool. Raccourci entre les trois éléments : le sarment noueux de la vigne, l'élixir divin qui s'écoule, les vapeurs qui en émanent. Envol des ressentiments dans les vapeurs de mon pardon. Mers-allah, le port de Dieu, anciennement appelée Lilybée. Lilybée - l'eau.
Libellule, lobélie, Lalibela, Lilybée : quatre actes pour un destin à deux, quatre actes pour réapprendre chaque jour à nous dire "Je t'aime".
Belle musique des mots, qui rebondissent d’un acte à l’autre, poème de l’harmonie qui chante à divers coins du monde. Je me permets de l’appeler
« Lullaby » intrusion anglaise qui peut s’accrocher dans la ronde de tes mots, puisqu’il s’agit d’une tendre
« berceuse ».
A bientôt, bien à toi.
Rédigé par : Ghislaine | 17/07/2007 à 11:48
voilà un bien joli texte...
:-)
Isabelle
Rédigé par : Isabelle | 18/07/2007 à 11:27
Ghislaine,
Bravo pour cette intrusion ! J'adopte résolument ta proposition de titre : "lullaby". Ce pourrait être une berceuse à 4 temps en effet.
Bien à toi
Jean-Marc
Rédigé par : Jean-Marc à Ghislaine | 18/07/2007 à 11:37