Hier, je suis allé au concert des Red Hot Chili Peppers avec mon grand fils de 14 ans : M. Ce fut une expérience inédite sous bien des rapports. D'abord parce que c'était la première fois que M. allait à un concert live. Pour moi aussi, c'était quasiment une première puisque jusqu'à hier je n'avais pas assisté à un grand spectacle de musique vivante depuis plus de 20 ans. Une première aussi, parce que, une fois arrivé sur le théâtre des opérations, au Parc des Princes, je constatai que j'étais pratiquement le plus vieux de l'assistance pourtant forte de quelques dizaines de milliers de personnes. En revanche, avec ses 14 piges, M. ne devait pas être loin d'être le plus jeune de son côté. L'ancêtre et le benjamin.
Avant de me rendre au concert, j'avais eu le temps de nourrir quelques idées préconçues sur l'événement que je m'apprêtais à vivre. Rien de bien affriolant à vrai dire. C'était des variations autour d'un thème central que je pourrais résumer par la peur de m'enquiquiner sévèrement pendant toute la durée du show. J'appréhendais en particulier l'idée de me sentir "décalé", perdu dans une assemblée de teens dansant de façon endiablée au rythme de la guitare basse de Flea ("la puce") ou de Chad Smith à la batterie. Car, même si j'aime bien de temps en temps écouter un air des Red Hot, je suis plutôt de la classe d'âge post-Woodstock et mes groupes préférés s'appellent les Rolling Stones ou encore The Doors.
J'avais tout faux. 0 pointé, leçon à revoir de A à Z, avec signature des parents et tout le tremblement. Car voilà : j'ai adooo-O-oooré. Pendant près de 2 heures, j'ai dansé comme un petit fou, j'ai shooté la scène avec mon téléphone cellulaire, j'ai explosé mon forfait en appelant le petit L. resté à la maison pour lui faire écouter ses chansons préférées comme Can't Stop, Dani California ou By the Way (clip ci-dessous).
L'espace d'un instant, j'ai oublié que j'avais 45 ans et que ma présence était liée à l'exercice d'une responsabilité de père accompagnant son rejeton à son premier grand concert. J'ai dansé, j'ai crié, j'ai frappé dans mes mains pour sonner le rappel. Je me suis senti à nouveau adolescent, en pleine communion avec M. qui, quoique moins expansif que moi, était tout à son plaisir d'être là. Quand en plus, Anthony Kiedis, le chanteur du groupe, a cédé le micro à John Frusciante, le guitariste, et que ce dernier a fait une reprise de "Take It As It Comes" des Doors, j'étais aux anges. Je traversais le temps à rebours, je retrouvais l'esprit 68 du "specalize in having fun". Cela avait la saveur de mes 20 ans. Grandiose ! Même si une génération me sépare de mon grand fils, à son image et pour reprendre le genre de formulation qu'il affectionne, je "kifais la zik à donf".
Hier, M. et moi représentions, sur base de nos âges respectifs, les bornes extrêmes et opposées du groupe de fans venus écouter les Red Hot au Parc des Princes. Pourtant, quand au détour d'un air que nous aimions, je me retournais vers mon fils pour lui adresser une oeillade de connivence, avant de reprendre ma danse un rien déjantée façon "The Clash" années 80, j'étais tout simplement heureux. Heureux de ce joli trait d'union entre lui et moi.
Les Red Hot ca reste du lourd :) J'adorerai les voir en concert ! Quelle chance :)
Rédigé par : Nicolas | 07/07/2007 à 18:00
Alala... quelle chance! Je les ai vu ya 11 ans en 1996, c'était à Bercy, et c'était mémorable!
Rédigé par : Calia | 07/07/2007 à 22:58
je ris de cet article... je connaissais pas les rouges chauds...
suis plutôt wax taylor en fait
Rédigé par : Nathalie | 11/07/2007 à 07:18
Comme dirait votre fils je suppose : "LOOOOOL" !
Merci beaucoup pour ce blog intéressant et pour les notes sur G. Courbet !
Rédigé par : Coralie | 12/11/2007 à 19:56
Un bel exemple, et très touchant de ce qu'on vit chaque fois qu'on laisse tomber les représentations qu'on a des choses, et de soi-même pour vivre l'instant pleinement :-)
Quel cadeau pour vous et votre fils !
Rédigé par : Lise | 03/10/2008 à 06:14
Oui Lise. Vous avez su lire le caractère magique de l'instant. Et comme vous le dites fort joliment, accéder à ces instants exige de tomber le masque, de faire peau neuve et de se laisser porter par le coeur.
Rédigé par : Jean-Marc à Lise | 03/10/2008 à 19:55