Hier soir, profitant de quelques heures de liberté, je me suis rendu avec des collègues de travail au London Eye. C'est bien simple. Si vous êtes à Londres, vous ne pouvez pas le rater. Que vous soyez à pied, en voiture ou par quelque moyen de transport terrestre ou fluvial que ce soit, le London Eye est visible de partout. C'est une grande roue métallique de près de 100 mètres de rayon sur la berge sud de la Tamise au niveau de Waterloo Station et à quelques encablures de Big Ben, pratiquement en face.
Si vous souhaitez jouir d'une vue panoramique de Londres, je ne saurais trop vous inviter - comme je l'ai fait hier - à vous engoufrer dans l'une des nacelles ovoïdes qui cernent l'oeil cyclopéen. Le tour complet dure une vingtaine de minutes et pour peu que le soleil soit de la partie, c'est tout simplement majestueux.
Alors que, en lévitation dans ma capsule, je contemplais la grande cité, un édifice a retenu toute mon attention : une grande tour en forme de suppositoire au niveau de Canary Wharf, le nouveau quartier d'affaires côté est. Ce gratte-ciel ovale est planté comme un bulbe au beau milieu de buildings de facture très classique ; c'est une belle courbe sur la ligne brisée de la skyline londonienne.
Elle apporte ce je-ne-sais-quoi de douceur. Sa couleur - bleue - n'est pas sans rappeler les mosquées des villes magiques d'Ouzbékistan de la route de la soie : Boukhara, Khiva ou Samarcande.
Plus tard, la nuit tombée, je me retrouvai à me balader sur Oxford Street. Ca grouillait de tous côtés. L'ambiance était chamarrée, généreusement métissée. Quelle beauté de voir, offertes à la vue, toutes ces variations du grain de la peau humaine ! Du noir ébène, au blanc laiteux en passant par un sfumato de bruns, de la chevelure jais des Indiens et des Pakistanais à la blondeur légendaire des Anglaises, c'était une véritable symphonie à la beauté humaine. Pourtant, dans cette explosion de couleurs, d'idiomes, de regards, de démarches, dans ce patchwork polychrome, je fus régulièrement choqué de croiser des femmes voilées à outrance. Seuls leurs yeux lourdement maquillés apparaissaient, comme deux amandes tristes perdues dans une flaque d'encre de seiche.
Dieu, que l'image de ces poupées russes déguisées en corneilles est déconcertante !
Quelle malédiction pèse donc sur vous, soeurs d'Orient, pour porter ce voile noir dans lequel se dissout toute trace de votre féminité, de votre beauté ? Auriez-vous oublié qu'avant de devenir l'instrument opaque de votre assujettissement présent, le voile pouvait être de soie, épouser élégamment vos formes et suggérer des corps à corps délicieux ? Savez-vous, soeurs d'Orient, qu'en vous habillant ainsi, vous faites peu de cas de ce raffinement esthétique dont l'Islam des premiers temps s'était fait l'ambassadeur ? Auriez-vous oublié ce fameux hadith selon lequel " Allah est Beau et Il aime la beauté " ?
Cher Jean-Marc, J'ai adoré votre note qui m'a une fois de plus plongée dans de grandes réflexions... Je m'intérogeais sur la question de l'intégration. A quel moment pouvons-nous considérer qu'un étranger est intégré? Quand il s'est intégré à nous? ou quand nous l'avons intégrer tel qu'il est?
Ce que je raconte n'est pas très clair, et pourtant quand on va à Londres, qu'on achète des bricoles dans un supermarché, on est toujours extrèmenet stupéfait en tant que Français de tomber sur une caissière entièrement voilée.
Les étrangers sont-ils mieux intégrés en France ou en Angleterre?
Rédigé par : Fanny | 22/08/2007 à 00:47
Cher Jean-Marc,
Cette question du voile met surtout en lumière le fait que, dans certaines cultures, il est admis que l'homme NE PEUT PAS réfréner ses pulsions sexuelles et ses instincts cromagnonesques, et que c'est donc à la femme de faire un effort pour s'en protéger.
C'est le cas dans les cultures phallocratiques, où on pardonne tout aux hommes, et où les femmes sont encore considérées comme la source de tous les maux.
En Inde, je l'ai raconté dans mes notes de voyage, j'ai ressenti le BESOIN de me couvrir le buste d'une grande écharpe (et pas de gaîté de coeur, vue la chaleur !) parce que le regard des hommes était vraiment pesant et indécent, et systématiquement rivé sur une certaine partie charnue de mon anatomie, les regards s'accompagnant souvent de commentaires en hindi ou de bruits divers qui ne laissaient pas de doute quant aux envies de leur auteur.
J'en ai conclu que, plus les femmes se voilaient, moins les hommes se sentaient obligés de brider leurs réactions spontanées, incivilisées, de se contrôler, et, in fine, de respecter les femmes en tant qu'êtres doués de raison.
Le voile, qui prétend être un élément de décence, met en fait en lumière la concupiscence masculine atavique qui ne s'embarrasse pas d'évolution, de civilisation, et ravale les hommes aux rang d'animaux plus encore - ou au moins autant ! -que les femmes au rang d'esclaves.
Cordialement.
Rédigé par : shakti | 22/08/2007 à 16:50
Reponse a Shaki:
Le voile ne sert pas à protéger les femmes des pulsions masculines: un bout de tissu ne protège pas du viol. Il empêche l'épouse de séduire, et de tromper son mari (on cache la "marchandise"). Dans son livre "Galanterie Française" Claude Habib note justement: "Par la bouche de Chrysalde, Molière et avec lui les galants hommes de l'age classique décident de renverser la hiérarchie des maux: il y a plus grave que d'être trompé par sa femme. C'est un malheur, sans doute, mais ce n'est pas un déshonneur pour l'homme" (p 59).
Avec le voile, il ne s'agit pas de protéger les femmes des pulsions des hommes mais bien de protéger le mari du cocufiage. C'est le signe d'une civilisation pour laquelle "l'honneur" de l'homme compte plus que tout.
Rédigé par : georges | 22/08/2007 à 18:51
Femme-objet, homme-objet, relation sujet-objet...ne sont-elles pas un discret miroir de notre ombre, dissimulée, cachée, tue? Caricaturales de nos modes relationnelles, ne nous montrent-elles pas ce qui restent à évoluer, nous qui nous croyons tellement en avance?
amitiés,
:-)
isabelle
Rédigé par : Isabelle | 22/08/2007 à 21:55
Des jolies réflexions, des descriptions profondes, ou le contraire, comme j'aime me promener dans votre blog !
Rédigé par : Valérie | 27/08/2007 à 08:58
Bonjour London watcher !
La tour de forme ovoïde est-elle une allusion à la prochaine demi-finale de coupe du monde entre les riverains de la Manche ?
:-)
Wharf-wharf ...
Rédigé par : Filou | 09/10/2007 à 09:26