Si un jour, arrivés au point de bascule entre l'adolescence et l'âge adulte, mes enfants venaient à me demander un conseil sur une conduite à suivre dans la vie, je me contenterais de leur dire : "Apprenez l'anglais. Je sais, c'est difficile. C'est long aussi. Cela vous prendra toute une vie et même à la fin, vous ne saurez sans doute pas encore le parler parfaitement. Mais sachez-le suffisamment bien pour comprendre le discours que Steve Jobs a adressé le 12 juin 2005 aux élèves de Stanford lors de la cérémonie de remise des diplômes. Ecouter ce discours ne vous prendra que 15 minutes, mais à la fin vous saurez ce qui compte dans la vie et vous disposerez d'un viatique pour bâtir votre propre existence".
Si vous comprenez l'anglais, je vous invite à écouter le discours de Steve Jobs (cf la vidéo ci-dessous) en prenant le soin de vous réserver une heure de solitude après coup pour méditer le sens des propos entendus. Vous ne le regretterez pas.
Si vous ne comprenez pas ou difficilement l'anglais parlé, mais que vous le lisez, alors cliquez ici. Vous accéderez au texte de l'allocution. Avant de commencer, assurez-vous que vous disposez d'une demi-heure devant vous et que vous êtes dans un endroit calme où les chances d'être dérangé(e) sont minimes. Cela étant fait, lisez le texte en prenant votre temps. No rush! No hurry!
Si, enfin, vous ne comprenez pas l'anglais - que ce soit sous sa forme parlée ou écrite - alors, je vous invite à lire les quelques lignes qui suivent. A défaut de goûter à la source, vous saurez quels sont les points qui m'ont le plus fasciné et pourquoi.
Le discours de Steve Jobs est d'abord exemplaire sur la forme ; c'est un modèle de structuration avec :
- une introduction en forme de provocation ("je n'ai jamais obtenu de diplôme universitaire") pour briser la glace et gagner l'attention de son auditoire,
- trois courtes histoires captivantes comme peuvent l'être les contes de notre enfance, avec pour chacune un titre (respectivement : donner du sens [connecting the dots], perdre et aimer [love and loss], la mort [death]), la présentation des protagonistes et du contexte initial (toujours Steve Jobs, mais à des moments différents de sa vie), d'un événement dramatique (respectivement : quitter l'université faute de moyens financiers, se faire virer de l'entreprise que l'on a créée - Apple -, se faire diagnostiquer un cancer du pancréas), la réaction et le dénouement (respectivement : apprendre la calligraphie pour découvrir des années plus tard que c'est grâce à cela que les ordinateurs d'aujourd'hui sont si riches en polices de caractères, monter de nouvelles entreprises - NeXt, Pixar -, être guéri miraculeusement) et la morale (respectivement : ce n'est que longtemps après les faits que le sens des choses se dévoile, il faut chercher ce que vous aimez, puis le faire sans réserve, vivre chaque jour comme s'il était votre dernier jour sur terre).
- enfin, cette conclusion ébouriffante avec le fameux "stay hungry, stay foolish" (littéralement : "ayez faim, soyez fou", assez proche du slogan "soyez raisonnable, demandez l'impossible" de mai 68) répété 4 fois comme une litanie.
Il y a le fond aussi, bien sûr. Pour vous donner une idée du contenu du discours, voici quelques idées ou formules fortes formulées par le fondateur d'Apple :
Pour les nostalgiques, voilà la fameuse 4ème de couverture à laquelle Steve Jobs fait référence.
Avec son côté "mai 68", voilà le genre de phrase qui me fait vibrer. Et puis, ce sont ce genre de formules qui permettent les vraies ruptures - ce que les Américains appellent des "paradigm shifts". Pas étonnant, après une intervention comme celle-là, que l'université de Stanford ait donné naissance à la plus belle entreprise de technologie de ces dernières années : Google. Pas étonnant non plus, que ce soit là-bas, sous le soleil de Californie, que se conçoivent les innovations qui dessineront le contour de notre vie de demain.
N'en déplaise à certains, la formule "travailler plus, pour gagner plus" est certainement une excellente idée... mais pour le XIXème siècle, c'est-à-dire dans une économie de transformation de la matière de type productiviste. Elle est anachronique - et donc absurde - dans une économie de la connaissance. Dans cette économie-ci, l'étalon n'est plus la sueur ; c'est l'intelligence, le savoir, l'imagination. C'est le plaisir aussi.
You've got to find what you love.
Don't settle.
Period.
Bien compris.... J'espère pas trop tard. Il n'est jamais trop tard
Rédigé par : Larkéo | 11/02/2008 à 11:34
Il n'est jamais trop tard...
Dans son discours aux étudiants de Stanford, Steve Jobs aborde ce point.
Prenant des accents qu'on imaginerait plutôt lors d'une lecture de Qohelet, il raconte : "Comme pratiquement tout, les attentes vis-à-vis du monde extérieur, la fierté, la peur du ridicule ou de l'échec s'effacent devant l'évidence de la mort, ce qui nous aide à nous concentrer sur ce qui est réellement important. Se souvenir chaque matin que nous allons mourir est la meilleure façon d'éviter le piège de penser que nous avons encore quelque chose à perdre".
Et de conclure avec ces mots : "Vous êtes déjà nu(e). Il n'y a aucune raison de ne pas suivre ce que vous dicte votre coeur".
Stay hungry. Stay foolish.
Rédigé par : Jean-Marc à Larkéo | 11/02/2008 à 13:25