Valério Mastandrea | |
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Le week-end dernier, j'ai vu deux films au cinéma. Le premier - Ciao Stefano (Non pensarci) de Gianni Zanasi - m'avait été inspiré par la lecture d'un billet dithyrambique sur le blog d'Elseneur. Le deuxième - my father, my Lord de David Volach - s'était imposé à moi quand, sur le chemin que j'ai coutume de faire à pied entre les grands boulevards et Saint-Lazare, j'ai découvert son affiche à la devanture du cinéma Les Cinq Caumartin.
Comme je m'étais très peu renseigné sur ces deux films, je ne me rendais pas compte que j'allais voir deux variations sur le thème de familles à la dérive. Si je l'avais su au préalable, j'aurais sans doute fait un arbitrage entre les deux. Bien mal m'en aurait pris !
Car si le thème est le même - la décomposition d'une famille sous les yeux du fils - la façon de le traiter est diamétralement opposée. Côté décor, d'abord. Dans Ciao Sefano, le fils est une star du rock 'n roll à Rome, qui, après une série d'avanies, décide de rentrer au pays, près des siens restés à Rimini. Dans my father, my Lord, le fils (unique cette fois) est un petit garçon rêveur d'une dizaine d'années. Il s'appelle Menahem et vit à Jérusalem. Son père, Rabbi Abraham, lui inculque avec fermeté les règles (mitzvot) de la Torah.
Ciao Stefano est une bouffonnade truculente. J'y ai beaucoup rigolé, car les secrets les plus sordides de cette famille sont traités comme des moments de franche comédie. Le jeu d'acteur est vif et enlevé, les femmes - Caterina Murino et Anita Caprioli - y sont belles à tomber par terre et le héros - Valerio Mastandrea - habite à merveille son rôle de rock star minable au grand coeur.
Dans My father, my Lord, c'est tout l'opposé. L'ambiance y est lourde. Dès les premiers plans, on sent qu'on assiste à la genèse d'un drame. Ce sera la disparition de l'enfant unique dans le silence assourdissant de l'Eternel. Dans un remake moderne et détourné du sacrifice d'Isaac, au moment de l'appel à la prière du soir, sur une plage de la Mer Morte, Menahem s'emmêle les pinceaux avec ses sandales de plage. Ses gestes sont désordonnés. Par inadvertance, il renverse le sac en plastique où il vient de recueillir un tout petit poisson dans les sources d'eau claire toutes proches. Ce poisson, il entendait le sauver d'une mort certaine. Car à peine aurait-il rejoint la mer que son sa forte salinité l'aurait empoisonné. La scène rappelle alors la découverte par Abraham du bélier aux cornes entravées dans le buisson épineux, à quelques pas de l'autel dressé pour sacrifier son fils Isaac. Quand Menahem se rend compte de la disparition du petit poisson et qu'il arrivera désormais trop tard pour la prière, il remonte à la source puis suit en courant le parcours jusqu'à la Mer Morte. Dans ses flots, il se laissera engloutir.
Dans un cas comme dans l'autre, les secrets ou le drame sont trop lourds à porter. Après avoir appris qu'il était en réalité le fils d'un inconnu dont il venait d'assister aux obsèques, Stefano retourne à Rome. Il se remet à jouer de la guitare, mais un jour de concert, il pète les plombs. Il lâche son instrument, le pose sur scène, puis se jette incontinent dans la fosse. Quant aux parents de Menahem, ils vivent le calvaire absolu. Après le moment du drame viendra celui des reproches. Esther, la mère, ne conçoit pas qu'un appel à la prière ait pu amener le père à abandonner son fils, seul, sur la grève. Les reproches naissent toujours d'une trop grande distance laissée entre deux êtres, doublée d'un trop peu d'attention.
La foi vacille alors. Le doute s'installe. Le silence, aussi.
Chute des idoles.
Arrêt sur image.
Deuxième commandement.
Ouf ! J'ai cru que vous alliez nous raconter tout le film ! J'adore le cinéma, moi aussi, mais dans ma petite ville d'Avignon, à part notre cinéma Utopia (merci Utopia, merci !), rares sont les films en version originale et qui sortent du système de la grande distribution. Je ne connaissais pas ces titres avant votre intervention. Si je les vois à l'affiche, j'y cours.
Rédigé par : Webiane | 05/06/2008 à 07:56
De fait, en faisant une recherche sur Allociné, il semble que Ciao Stefano soit programmé dans une seule salle d'Avignon et c'est à l'Utopia !
Quant à "my father, my lord", la salle la lus proche de vous où il se joue est le Rivoli à... Carpentras !
Incroyable, non ?
Rédigé par : Jean-Marc à Webiane | 05/06/2008 à 10:49
Dithyrambique, comme vous y allez... Mais vous me voyez ravie de vous avoir fait passer un bon moment cinématographique. Il me reste à voir ceux qu'à votre tour vous m'avez conseillés, et, vous ayant lu à l'avance, je saurai me montrer attentive.
Rédigé par : Elseneur | 09/06/2008 à 15:03