Quel meilleur point de départ pour cette aventure américaine que l'île de Key West, à la pointe sud des Etats-Unis ?
C'est l'île où Hemingway est venu se reposer de ses illusions européennes noyées dans le sang et la tauromachie. C'est l'île d'où, par temps très clair, dit-on, on aperçoit une autre île, celle de Cuba, celle du contre-modèle absolu.
Et puis c'est aussi le point de départ de la US 1, la route fédérale n°1. Ce n'est certainement pas la plus spectaculaire ; ce prix va indubitablement à la US 66 qui traverse les paysages les plus somptueux des Rocheuses en tirant un trait entre les vents glaciaux de Chicago et les chaleurs sub-tropicales de Santa Monica. Mais bon, la US1, c'est pas mal non plus. En partant de Key West - le fameux "mile 0" - elle remonte toute la côte est des Etats-Unis pour se perdre dans les forêts déjà enneigées du Maine.
Et puis, je l'aime bien ce point de départ. Pour le (plus si) jeune frog que je suis, habitué aux camaïeux de gris des ciels parisiens, tout en monochrome...
... le ciel de ce coin des Etat-Unis offre un décor riche en couleurs. Ici, il va falloir que j'apprenne à frayer mon chemin entre iguanes et alligators, ragondins et coyotes. Alors pour leurrer ces bestioles aux intentions souvent difficiles à décrypter, il faut bien que je joue sur de multiples registres et que je me pare de mille feux, histoire de passer savamment inaperçu...
La nature aussi est exubérante autour de "mile zero". Entre kapoks, banyans et les formes étonnantes de végétation présentes dans les mangroves, tout semble racineux. Je reviendrai dans un billet à venir sur cette omniprésence troublante des racines dans ces contrées. Ici, les rhizomes vont s'afficher jusque dans les expositions d'art contemporain, à commencer par la plus célèbre d'entre elles dans le coin, Art Basel, version Miami, qui vient tout juste de fermer ses portes.
Les racines, c'est bien, encore faut-il savoir en faire abstraction. Sinon, comment Ulysse aurait-il fait pour quitter son Ithaque ?
Alors, let the dice be cast et en route Simone !
A très bientôt pour de nouvelles aventures...
Bravo fiston pour ce magnifique billet.
La référence à Ulysse m'a aussitôt fait penser à ce célèbre poème de Du Bellay :
http://wheatoncollege.edu/Academic/academicdept/French/ViveVoix/Resources/heureuxqui.html
Alors attention aux sirènes...
Grosses bises
Rédigé par : Le Roude | 22/12/2009 à 22:08
Merci M. le Roude pour ce gentil commentaire.
Du Bellay est habile à évoquer les charmes du retour au point d'origine quand le héros repu d'aventures se délecte du calme retrouvé.
Mais Du Bellay se garde bien d'évoquer ce qu'Homère a su si bien souligner. Que l'ivresse comme les dangers sont partie intégrante du voyage. Que tout retour exige son lot de sacrifices, comme les prétendants de la "fidèle" Pénélope ont pu en faire l'amère expérience au plus profond de leurs entrailles meurtries...
J'ai même écrit un petit billet là-dessus intitulé "Le double secret de Pénélope". C'était il y a un peu plus d'un an. Un peu comme si j'avais voulu raconter l'histoire de mon départ avant même que le voyage ne commençât :
http://jmbellot.blogs.com/personnel/2008/08/le-double-secret-de-p%C3%A9n%C3%A9lope.html
Au plaisir de te lire à nouveau, Monsieur Le Roude.
Le fiston.
Rédigé par : Jean-Marc à M. Le Roude | 22/12/2009 à 22:30