Depuis que j'ai déménagé dans le XIXème arrondissement de Paris, je me régale à parcourir le quartier dans tous les sens. Il n'est pas un jour sans que je découvre des endroits attachants ou un terrain vague investi par l'herbe folle et quelques fleurs aussi belles qu'inattendues. C'est un peu comme si je me baladais dans un territoire intermédiaire, à mi-chemin entre la ville et la banlieue, l'ordre et le chaos, l'harmonie et l'impromptu.
Parmi les aspects qui m'enchantent le plus, il y a la profusion des graffiti et des dessins de rue... Car ici, les murs se donnent en spectacle. Et même si le paysage urbain est le plus souvent des plus rébarbatifs, il est rare de ne pas tomber sur l'oeuvre picturale d'un esprit facétieux, qui a voulu donner un sourire ou des couleurs au parpaing.
J'ai même déjà pris mes petites habitudes. Ainsi, à chaque fois que je passais au coin de la rue de l'Ourcq et de l'avenue Jean Jaurès, je m'étais accoutumé à saluer un dessin de l'homme politique proférant une de ses maximes les plus célèbres : "Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire". Même si le dessin avait des heures de vol derrière lui au point d'avoir la citation partiellement recouverte de tags, je me disais que c'était chouette d'être interpellé par la pensée d'un grand homme en se baladant dans la rue.
Mais voilà que récemment, en passant au même endroit, je me rends compte que le dessin a été complètement refait. De loin, je ne peux que me réjouir : je reconnais la figure altière et le sourcil broussailleux de l'homme politique ; le trait est sûr et l'attitude de l'orateur enflammé particulièrement bien rendue. Hélas, ma joie est de courte durée. Car cette fois-ci, la bulle d'expression ne contenait pas de citation. Juste un "lol".
Je n'ai pas ri.
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