Dans ce blog pluri-disciplinaire sont abordés des sujets aussi variés que le baroque, les processus de vente, les mangroves de Floride, le débit des grands fleuves et tout autre thème qui enflammera ma curiosité ou mon désir l'espace d'un instant !
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La France vue d’ailleurs Si vous pensez qu'en France, notre vision du monde est trop empreinte d'esprit de clocher ("parochial", diraient les Britanniques) ou que nous sombrons dans la schizophrénie absolue à force de regarder les circonvolutions de notre nombril, allez faire un tour sur ce blog. C'est rafraîchissant, parfois inquiétant, mais toujours à propos. Ou comment l'art de changer de point de vue au sens littéral, physique, du terme, permet d'élargir la vision d'ensemble et l'espace des possibles... Stimulant !
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L’improvisation, c’est la vie ! Jouer sa vie en public, la mettre en scène, se multiplier à l'envi en fonction des différents rôles que vous souhaitez assurer... Hétéronymes : dérouler son existence avec légèreté, détachement, un sourire aux lèvres.
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Sandra Sans drap... ni couverture : les tribulations de Sandra, institutrice à Bordeaux. Rires d'enfants et questions d'adulte.
Sélian Un parfum d'Espagne dans un monde sans frontières.
Chris Anderson (The Long Tail - English) L'un des concepts les plus novateurs de l'économie de l'immatériel. Maintenant que les marchands ne sont plus contraints par la disponibilité d'espace pour vendre leurs produits, les consommateurs voient leur liberté de choix s'élargir. Et ils s'en donnent à coeur joie. Sus à la tyrannie des hits ! A nous les éditions limitées, incunables, épreuves rares. Si vous ne voulez pas rester à la traîne de cette révolution en marche, je vous invite à faire un tour ici.
Collectif de créateurs d'entreprises en série (Entreprise facile - Français) Vous voulez échapper à la tyrannie du salariat ? Vous vous défiez des slogans de gauche (le "travaillez moins pour que plus parmi nous travaillent" de Mme Aubry) ou ceux de droite (le désormais célèbre "Tavaillez plus pour gagner plus" de M. Sarkozy repris en écho par Mme Lagarde) ? Vous avez envie de *** CREER *** votre entreprise ? Alors, c'est ici que ça se passe : le vade mecum indispensable pour les candidats à la création d'entreprise et un excellent site de référence pour ceux qui ont déjà fait le pas.
Emmanuelle Chen-Huard (Cajou) Dans l'économie de l'immatériel, la technique veut systématiquement occuper le haut du panier. Dans sa pratique du journalisme & de la communication, Emmanuelle sait toujours la remettre élégamment à sa place pour replacer l'homme au centre des débats.
Garr Reynolds (English) Je ne sais pas vous, mais moi, je suis chaque jour affolé de voir combien les compétences dans l'art de présenter ont du mal à se répandre dans le corps social. Les technologies censées nous aider (PowerPoint et cie) n'y changent pas grand chose. Pire, on dirait que leur utilisation agit comme un amplificateur des lacunes. Ces dernières deviennent criantes. Alors si vous voulez confronter vos pratiques aux considérations d'un expert, faites un petit tour par ici.
Guy Kawasaki (How to Change the World - English) Quand on a été aux commandes du marketing aux côtés de Steve Jobs lors du lancement du Mcintosh et qu'on a participé en tant que capital-risqueur au lancement de nombre de sociétés dans la Silicon Valley, fatalement on a des choses intéressantes à raconter...
Jacques Froissant (Français) Le registre de ce qui bouge dans la high-tech en France. Un observatoire aussi des opportunités de travail qui en découlent.
Parmi les 5 sens, deux ont besoin d'espace pour se déployer : l'ouïe et la vue. Ils ont une propension à l'expansion. Les trois autres - le toucher, l'odorat et le goût - tendent au contraire à une réduction de l'espace puisqu'ils entraînent un mouvement allant du lointain vers le proche. Ils sont centripètes.
Aujourd'hui, il est commun d'affirmer qu'entre l'ouïe et la vue, c'est la vue qui domine. Qu'est-ce qu'un musicien reconnu ? Quelqu'un dont on a vu le clip sur MTV ou qu'on va voir en concert. Vous remarquerez l'emploi des verbes. On ne va pas l'entendre ; on va le voir. Pareillement, la suprématie de la télévision sur la radio n'est plus à établir tant la première a investi notre quotidien au détriment de la seconde. Rien qu'en France, nous passerions en moyenne 3h47 par jour à regarder la télévision alors que nous passerions moins de 3h par jour à écouter la radio. CQFD.
Pourtant, les choses ne sont pas si simples.
Un superbe mythe grec peut nous éclairer sur les forces respectives de l'ouïe et de la vue dans leur rapport à l'occupation de l'espace. C'est celui du combat entre Argos (Argus) et Hermès (Mercure).
Quelques mots d'introduction tout d'abord pour comprendre ce qui amène ces héros à se battre. A la base, c'est encore une histoire d'infidélité amoureuse et de jalousie. Héra, la femme de Zeus, craint que ce dernier ait des relations intimes avec une vache blanche, incarnation animale d'Io. Soupçonneuse, la déesse demande à Argos de surveiller en permanence la vache pour s'assurer que son dieu de mari ne vient pas lui rendre des visites coquines. Argos a l'oeil, ou plutôt 50 paires d'yeux, pour accomplir son oeuvre de surveillance. D'où son petit nom Panoptès, littéralement, "qui voit tout".
Mais Zeus n'entend pas se voir ôtée l'opportunité d'assouvir sa passion pour la belle Io. Après tout, n'est-ce pas jouissif de pouvoir se transformer en taureau pour lutiner sa belle ? Partisan des solutions expéditives, il donne à son fils Hermès le mandat de tuer Argos.
Hermès est un rusé. Argos est un géant ; il est doté d'une force inimaginable. La seule façon pour Hermès de régler son compte à ce Monsieur-voit-tout consiste à endormir sa vigilance. Littéralement. Il se dote d'une syrinx, à savoir d'une flûte de Pan et s'approche du géant. Ce dernier, ensorcelé par la douce mélodie, voit ses sens tressaillir : sa peau frissonne, ses yeux s'embuent d'émotion, sa vue se brouille. A un certain point, l'émotion est si intense que le géant n'y voit plus rien. Hermès sait alors son adversaire vulnérable. Il lâche l'instrument de musique, se saisit de son épée et, à l'image de David avec Goliath, il lui tranche la gorge.
Que retenir de ce mythe ?
En lisant le hors-série de Philosophie Magazine consacré aux mythes grecs (n°19), je découvris une magnifique interprétation donnée par Michel Serres. Pour lui, le combat se résume à celui de Pan contre Panoptès, "l'intégrale des sons contre l'intégrale des regards". Et au bout du compte, c'est Pan qui remporte la victoire, signe de la "supériorité du son sur la vue". Car "la vue définit un lieu. Le panoptique cherche à forcer ce lieu, à excéder ses définitions, à intégrer les points de vue que lui offrent, disons, une somme de caméras. Mais le son ? Un événement sonore n'a pas lieu ; il occupe l'espace."
La voilà, la clé. La vue renvoie à un lieu quand le son traverse l'espace ou, pour employer la jolie formule de Michel Serres, "la vue distancie, la musique touche". Car "l'onde sonore est parvenue là où l'onde lumineuse ne saurait aller".
La vue épuise le lieu là où le son remplit l'espace sans en altérer les propriétés. Tentative d'emprise et de contrôle d'un côté, contre simple caresse de l'autre. Et paradoxalement, c'est la caresse qui porte le plus d'information, avec la complicité bienveillante d'un espace qui en prolonge les effets.
Lorsque Héra découvre la mort d'Argos, elle prendra chacun de ses yeux désormais éteints et en sertira la queue de son animal fétiche, le paon.
En plein milieu du joli mois de mai, un crachin
obstiné mouillait l’air. Et cela fait des mois que ça dure. Les gens ont des
faciès de portes de prison et n’en déplaise à Arletty, tous les Parisiens ont
en ce moment une tête d’atmosphère : grise et rembrunie à souhait.
Comme une petite faim me tiraillait les entrailles et
qu’il était près de 11 heures du soir, je me précipitai à l’extérieur, me
fondis dans la grisaille ambiante et marchai vite vers la seule brasserie à
proximité capable de me servir à cette heure-là. A l’intérieur, un écran de
télé passait en boucle des clips musicaux. En général, je trouve cela très
déprimant : voir des jeunes gens à la jeunesse flamboyante exhiber leur
corps en se dandinant sur des mélodies fadasses m’a toujours paru le sommet de
l’abêtissement.
Pourtant, cette fois-ci, mon regard fut capté par des
images étrangement familières. Une jeune et jolie chanteuse qui m’était
inconnue – je devais apprendre plus tard qu’elle s’appelait Kenza Farah –
marchait sur un pont dans un décor tropical. A un moment, sur une image
montrant en arrière-plan des tours de verre et de béton, tout s’éclaira pour
moi : Kenza Farah évoluait sur le pont Rickenbacker reliant Miami à l’île
de Key Biscayne. Or il se trouve que ce pont, je l’ai emprunté des dizaines de
fois ces dernières années.
Après la Fouine (que je croisai un jour à Miami Beach
à bicyclette alors que je marchais sur Ocean Drive) et Booba, voilà une
nouvelle voix issue de l’immigration
comme on dit de ce côté-ci de l’océan, qui choisissait Miami pour mettre en
scène ses chansons. Décidément, qu’est-ce qui poussait ces chanteurs de R&B
ou de rap à choisir la métropole floridienne comme décor ?
Cela me rappela aussitôt une histoire qui m’était
arrivée il y a 4 ans précisément sur le pont de Key Biscayne. À cette époque,
alors que je faisais mes premiers pas dans l’univers étrange de Miami, il
m’arrivait de me déplacer en taxi quand je devais me rendre à des rendez-vous
professionnels sur le continent. Or il se trouve que quand vous prenez un taxi
à Miami vous avez 2 chances sur 3 de tomber sur un chauffeur haïtien et 1
chance sur 3 qu’il soit cubain. Ce jour-là, je me trouvais donc avec un immigré
d’origine cubaine. J’engageai la conversation. Au bout de quelques banalités
échangées, je lui demandai depuis combien de temps il était installé à Miami.
Il me répondit qu’il était arrivé en Floride dans les années 90, juste après
avoir servi dans l’armée de son pays en Angola, où il avait rang d’officier.
Je lui demandai alors s’il se plaisait en Floride. Il
me donna une réponse évasive, faisant « oui » avec ses lèvres en « non »
avec ses yeux. Combien de fois l’avais-je observée cette réponse, si typique de
l’immigré où qu’il soit, en France, en Suède ou aux Etats-Unis. Dire
« non » eût été renier les raisons de sa présence dans son pays d'accueil, mais dire
« oui » eût été trahir tout ce qu'il avait laissé dans sa contrée
d’origine. Je m’enquis de ce qui l’avait amené à quitter Cuba. Il me raconta
alors une histoire qui devait me marquer profondément.
« Vous
savez, la raison qui m’a poussé à m’engager dans le corps expéditionnaire
cubain en Angola, c’est que j’étais intimement convaincu de la nécessité de
défendre l’idéal communiste partout dans le monde. Pourtant, une fois dans le
pays, ma hiérarchie exigea de moi que je garde les réservoirs de pétrole de la
marque Exxon au sud de Luanda. Dans la solitude inquiète et la moiteur des
nuits africaines, je me mis à savourer l’ironie de la situation. Moi, fervent
partisan du communisme, moi qui étais prêt à sacrifier ma vie à cet idéal, je
me voyais assigner la tâche de protéger les intérêts… américains dans le Cul de
Judas du monde. Alors quitte à servir les Gringos, autant que ce soit
directement en Floride plutôt que sous l’uniforme de l’armée cubaine… »
Miami, il y a ceux qui y vont pour la frime et ceux
qui y vont pour soigner une déception ou une trahison. Mais il y a aussi ceux
qui n’y iront jamais.
Pour mon anniversaire, ma belle, résidente à Miami
justement, m’offrit un livre exceptionnel : « L’homme qui aimait les chiens » de Leonardo Padura
Fuentes. En relatant l’histoire du meurtre de Léon Trotski par Ramón Mercader,
l’auteur montre au détour d’une intrigue trépidante combien le communisme –
notamment sous la houlette de Staline – s’est repu de l’idéalisme le plus
pur des hommes, de leur envie irrépressible de croire dans les lendemains
radieux pour engendrer l’horreur et ériger la peur en système de pensée.
Or Padura est un écrivain cubain qui reste à Cuba.
Alors évidemment, pour qui a lu Reinaldo Arenas ou Zoé Valdés, cela peut surprendre.
Interrogé sur les raisons qui le poussent à rester à La Havane, Padura affirme
un sourire aux lèvres que la ville est un des rares lieux où on puisse encore « vraiment engager une conversation
avec un étranger à un arrêt de bus ». Fût-il à Miami, comme tant de
ses compatriotes, il serait gardien d’immeuble – comme un ancien vétérinaire de
Cifuentes de ma connaissance – voiturier ou chauffeur de taxi. Et dans le silence
repu d’une ville suspendue entre le ciel et l’eau, pont entre l’anglais et
l’espagnol, patchwork où cohabitent le mépris cynique des possédants et le silence insondable des
immigrés latinos, il réfléchirait sans doute à cette aptitude inégalée du
communisme à susciter désillusion, désenchantement et mélancolie dans le cœur
de tous ceux qui y ont cru sincèrement un jour ou l’autre.
Quand j’étais petit garçon, le
monde des adultes me donnait souvent l’impression d’une grande étrangeté. Parmi
les comportements d’adultes qui me déroutaient, il y avait cette sempiternelle
question, proférée d’une voix doucereuse et accompagnée d’un sourire niaiseux : "Alors, Jean-Marc, qu'est-ce que tu voudrais
faire quand tu seras grand ?"
Cette question m’énervait
parce qu’elle était truquée. En première lecture, on aurait pu croire qu’elle
démontrait un intérêt sincère pour le petit être que j’étais et ses
aspirations. Or il se trouve qu’à l’époque je parle de la fin des années 60 –
j’étais fasciné par les cartes. Je voulais donc être cartographe. Comme je ne voyais pas malice à la question posée, je
répondais que je voulais être le Mercator des temps modernes, inventer de
nouvelles projections et coucher sur le papier, avec la minutie d’un moine
copiste, les tracés isoclines permettant d’apprécier avec la plus grande
précision les reliefs ou les moindres traces de l’empreinte humaine sur notre
belle planète.
Pourtant, il m’a suffi de 2-3
interactions avec des adultes sur ce thème pour constater que ma réponse ne
collait pas. Alors que, naïvement, je m’attendais à être questionné plus avant,
je me rendis vite compte à la mine contrariée de mes interlocuteurs que j’étais
dans l’erreur. Là encore, comme à l’école, il y avait de bonnes et de mauvaises
réponses et force était de reconnaître que cartographe
rentrait dans la deuxième catégorie.
Pour vérifier mon intuition,
je changeai d’approche ; je commençai à
mentionner au choix astronaute, médecin,
ingénieur – comme papa – professeur – comme maman – ou pompier – je ne sais pas pourquoi
pompier avait la cote à l’époque – pour voir l’adulte arborer un ample sourire
de contentement, me tapoter le sommet du crâne avec condescendance, puis m’adresser un joli complément du type : "C’est bien ça. Continue à bien travailler
à l’école et tu deviendras astronaute / médecin / ingénieur / professeur / pompier".
Et moi, obstiné comme Camille Mortenol, le nègre polytechnicien rendu célèbre par Mac Mahon, je continuais…
J’avais vite compris que
derrière la question à l’enfant se cachait en réalité un désir de grand d’être
rassuré. Ou peut-être le souhait de voir l’excitation primesautière d’un enfant
devant l’éventail des possibilités offertes par des parents merveilleux ?
A moins qu’il ne s’agisse d’une vérification comme quoi les modèles proposés
par les grands à leurs petits fonctionnaient bien…
Il y a quelques années, aux
Etats-Unis d’Amérique, une étude
a été organisée sur ce thème dans la bonne ville de Rochester, état de New York,
réputée pour constituer un microcosme représentatif de la société américaine
dans son ensemble. 653 collégiens ont été sollicités par le professeur Jake
Halpern. A la question qu’est-ce que tu
voudrais être quand tu seras grand(e), les adolescents se voyaient
proposées les réponses suivantes :
le dirigeant d’une grande société,
un soldat appartenant à un corps d’élite,
un sénateur,
le président d’une université prestigieuse,
le secrétaire privé d’une célébrité du monde de la
musique ou du cinéma.
Et les résultats furent…
Ce qui m’a frappé le plus dans
ces résultats, c’est qu’entre être célèbre et travailler pour quelqu’un de célèbre, les collégiens préfèrent la
seconde option.
Ayant été bon élève moi-même,
j’ai pleinement conscience que notre système d’éducation vise avant tout à faire
entrer sur le marché du travail des contingents d’adultes disciplinés, qui acceptent
de se fondre dans le moule sociétal. Mais de là à promouvoir des comportements
de servilité, j’en suis tout tourneboulé.
Quand j’étais jeune, dans mes
moments de spleen adolescent, j’avais plaisir à écouter Claude Dubois chanter "J’aurais voulu être un artiste". J’étais bien loin de penser que la génération de mes enfants
aspireraient à en devenir le secrétaire privé…
Quand j'étais cet été à La Nouvelle-Orléans, chaloupant de club en speakeasy, je me suis souvent demandé ce qui faisait que le jazz ait été inventé ici - je veux dire précisément en ce lieu improbable et inhospitalier sur une boucle du Mississipi.
Cela m'a amené à me pencher sur ce qui rendait ce style si particulier, si caractéristique... Je me suis alors remémoré ma jeunesse niçoise quand, en jeune gandin mal fringué au cheveu hirsute, j'écumais les lieux de diffusion de musique vivante. A cette époque, pas un été sans que je n'aille traîner mes guêtres à Cimiez ou à Juan-les-Pins pour écouter les stars du jazz.
Je dois confesser qu'à lépoque, cette musique me rendait perplexe. D'un côté, j'adorais le style léché d'un Stan Getz interprétant les rois de la bossa nova. Mais, à l'autre bout de l'éventail, je frémissais d'horreur devant les jam sessions débridées, comme lorsqu'un John Coltrane dans Love Supreme laissait aller ses doigts sur son sax et que tout le monde semblait prendre son pied dans ce qui n'était pour moi qu'une sinistre cacophonie.
Mais cet été, j'eus une révélation quand je lus ou que quelqu'un me dit - je ne sais plus - que le jazz était né d'un geste de subversion insensé consistant à inverser la hiérarchie des instruments dans un orchestre. Contre le primat donné aux violons et au piano dans les orchestres classiques, les fondateurs du jazz avaient eu l'affront de faire venir au devant de la scène des instruments de sans-grade, les malaimés des formations, j'ai nommé les trompettes, cornets, cors ou autres trombones... Bois et cuivres devenaient les stars de ce nouveau genre, les cordes prenaient de la gravité avec le rôle clé joué par la contrebasse et la rythmique serait assurée par l'introduction de la batterie...
Cette audace n'était possible que dans un lieu où la subversion était érigée au rang d'art de vivre supérieur. Et sur le vaste territoire des Etats-Unis, au début du XXème siècle, il n'y avait guère qu'un endroit où cela existait : La Nouvelle-Orléans, justement. Le seul endroit où les esclaves pouvaient gagner des salaires, où les femmes pouvaient prendre la direction des affaires, où la paix entre communautés se scellait dans des étreintes d'alcôves plus qu'à travers des traités verbeux...
Depuis sa fondation au début du XVIIIè siècle, la cité avait cru dans un métissage des codes sans pareil sur le territoire de l'Amérique du Nord. Comme Richmond en Virginie, La Nouvelle-Orléans devait son développement à un recours immodéré à l'esclavage des Noirs africains. Mais contrairement à Richmond, où l'organisation sociale s'appuyait sur la vision très puritaine d'un communautarisme racial et religieux, la société néo-orléanaise était le fruit de mélanges sans fin. Richmond était blanche et noire avec une hiérarchie très claire entre les deux communautés ; La Nouvelle-Orléans, elle, était créole - toute en confusion des genres et des couleurs.
Pour mieux apprécier la différence, prenons un exemple dans le domaine musical. D'un côté, un air de rock pur : Layla d'Eric Clapton. OK. C'est enlevé, ça déchire, ça arrache même et Clapton est vraiment un prince de la guitare. Mais bon sang, comme c'est régulier et prévisible ! Maintenant, prenez cette même chanson et faites-la interpréter toujours par Eric Clapton, mais accompagné cette fois par des génies du jazz, en provenance de La Nouvelle-Orléans : le groupe de Wynton Marsalis...
Depuis que je suis enfant, je reste admiratif devant la perspicacité des pères fondateurs de la nation étatsunienne qui ont institué la quête du bonheur comme un des droits fondamentaux du citoyen, inscrit en préambule de la déclaration d'indépendance.
Pourtant, depuis que je parcours les USA en long et en large, je dois reconnaître que je reste sur ma faim. De façon générale, je vois des gens animés par une grande soif de ressources matérielles, mais peu tournés vers la quête du bonheur.
Tout cela était vrai jusqu'à mon séjour récent à la Nouvelle-Orléans. A peine arrivés dans la métropole louisianaise, ma belle me propose une virée pour voir le trompettiste Kermit Ruffins se produire avec son band dans son restaurant. Comme je suis plutôt ignare en matière de jazz, je me fie à son goût très sûr et me laisse faire.
Le restaurant en question se nomme "Kermit's Speakeasy". Il se trouve à Basin Street, dans le Faubourg Tremé, l'ancien quartier des hommes de couleurs libres, à deux pas du Vieux Carré aussi appelé le French Quarter. Speakeasy, c'est le terme donné aux bars où on servait de l'alcool de façon illégale pendant la Prohibition.
Quand ma compagne et moi y entrons, il est 18 heures. De l'extérieur, l'endroit ne paye vraiment pas de mine. Le local se trouve pratiquement sous une expressway, comprendre une bretelle d'autoroute, que les Américains ont pris goût à faire traverser les centres-villes dans un mépris absolu de l'esthétique la plus élémentaire. A l'intérieur, non plus, ça ne casse pas une patte à un canard : juste une grande salle longue plutôt sombre, avec près de l'entrée principale, un petit espace près à accueillir quelques musiciens. Il y a un juste un synthétiseur, une batterie, deux tabourets et, au-dessus, l'inévitable écran de télé allumé passant en boucle les exploits des athlètes américains aux JO de Londres.
Il y a très peu de monde. Pourtant, je remarque deux éléments plutôt surprenants. D'abord, il y a autant de Noirs que de Blancs, ce qui dans un pays où il faut systématiquement faire état de son identité raciale à chaque recensement, est plus rare qu'il y paraît. Le second point qui me frappe, c'est que les gens y ont l'air heureux.
Alors que nous prenons place autour d'une longue table rectangulaire pouvant accommoder plusieurs dizaines de personnes, ma compagne et moi sommes entourés de sourires de sympathie. Il règne autour de nous une légère fébrilité ; tout le monde semble attendre que quelque chose se passe et cette attente-là, je la reconnais tout de suite, c'est celle qui préfigure les moments de liesse ; c'est une attente désirante.
Le temps passe ; les tables se garnissent de plats de cuisine cajun traditionnelle - des poissons-chat panés et les inévitables "rice and beans", marinés dans la graisse de porc, au goût savoureux. Les bouteilles de bière se passent de main en main et l'ambiance sonore monte d'un ton au fur et à mesure que les clients arrivent.
Puis, comme si de rien n'était, un homme se met au synthétiseur et fait des gammes. C'est un rien rébarbatif, mais dans l'ambiance vas-y-comme-je-te-pousse qui règne ici, cela passe parfaitement, dans l'indifférence la plus totale des convives. Des matrones noires aux seins et aux fesses fantastiques continuent de servir des plats toujours plus improbables : il paraît même qu'on cuisine l'alligator et le raccoon - le raton-laveur - ici.
C'est alors qu'apparaît le maître de maison, Kermit Ruffins en personne. Le batteur et le bassiste se joignent à la formation et le trompettiste jette à l'assemblée réunie : "How do you like my cooking?" L'assistante glousse de plaisir.
Et c'est parti.
Dès les premières mesures, les têtes se mettent à dodeliner et les sourires investissent les visages. Ruffins aligne les tubes de Louis Armstrong. Quand il lance What a Wonderful World, la salle reprend les paroles en choeur comme un seul homme.
Plus tard, le groupe se lance sur des morceaux plus entraînants et là, sans préavis, les gens se lèvent et viennent se trémousser au milieu des chaises. L'ambiance est à la liesse ; c'est bon enfant, ça sent la sueur et la joie simple de bouger nos corps engourdis.
Alors comme il y a toutes les chances que vous ne fussiez pas présent ce soir-là, j'ai plaisir à partager avec vous cette vidéo du désormais classique "On the Sunny Side of the Street", mais interprété par Kermit Ruffins pour que vous ayez une petite idée de l'ambiance :
A Miami, à l'image de ce qu'on retrouve communément dans les villes américaines, l'espace bâti offre un aspect on ne peut plus hétérogène. Très souvent, passé le centre aux tours rutilantes brillant de mille feux, les quartiers avoisinant ressemblent à des entassements de bicoques misérables, ou d'entrepôts sinistres aux murs irréguliers et peints à la vas-y comme j'te pousse. Ici, pas de rideaux de cretonne aux fenêtres, pas de détail attendrissant témoignant du moindre effort d'embellissement. Un ciel souvent en camaïeu de gris bleu s'étend entre de grands poteaux téléphoniques, seuls géants de ce paysage où toutes les ambitions semblent aplaties à la mesure d'une pauvreté sans rémission.
Difficile de croire, à observer les bâtisses alentour, que nous roulions dans le quartier qui monte, le district où se rend tout ce que la ville compte de snobs et de wannabe artists, c'est-à-dire d'artistes en quête de reconnaissance. J'ai nommé Wynwood, à quelques blocs à peine d'Overtown et du Design District.
Et soudain, voilà qu'au détour d'un bloc impersonnel, nous tombons nez à nez sur un entrepôt géant peint de larges zébrures. Le clip de Booba sur "Scarface" me vient tout de suite à l'esprit.
Bah, et puis dans le registre du m'as-tu-vu généralisé, valeur si bien partagée d'un côté et de l'autre de l'Atlantique, je pourrai toujours dire que j'ai foulé les pas de M. Booba, dans son antre fleurie et surfaite du sud des Etats-Unis. N'en déplaise à Mister L. et comprenne qui pourra.
Pourtant, en Floride, à côté des constructions prétentieuses où s'étale l'arrogance des hommes, il y a toujours des moments de joie profonde, quand la nature s'invite de façon impromptue au spectacle des vanités. C'est le passage d'une aigrette sur la plage, un paon qui fait la roue au bord de la quatre-voies ou un lamentin qui se prélasse à deux brassées de vous.
L'autre jour, à Wynwood, le moment de magie me fut offert par une passiflore dont le dessin des étamines me rappelèrent la présence fulgurante du nombre d'or. Et puis, je me souvins aussi que cette fleur tirait son nom de l'utilisation que les Jésuites en faisaient pour expliquer la Passion du Christ aux indigènes d'Amérique du Sud : la couronne représentant la couronne d'épine, les cinq étamines désignant les plaies, les trois stigmates renvoyant aux clous...
Une fois de plus, la laideur des environs laissait jaillir un écrin de beauté ; derrière le bitume parsemé de taches d'huile et les murs cradingues, une fleur ouverte indiquait la voie de l'espoir.
Ces matins-là, pour empêcher le carillon des cloches, le vol électron des chauves-souris et la lente procession des corbillards, pour prévenir l'arrivée de l'étendard noir planté héroïquement façon Iwo Jima, j'ai besoin d'un courant d'air parfumé dans ma tête.
Ce courant d'air, il s'est formé trop tard aujourd'hui. Comme en décalé. Deux mots lancés au hasard d'un rêve interrompu : "quête et clôture". Et, plus tard, bien plus tard, sans doute trop tard, la musique envoûtante de Billie Holiday dans I'm a fool to want you.
Avec le jazz viennent toujours des images. Enfin, disons qu'avec moi, ça marche comme ça.
Et les images, je les ai trouvées dans une publicité. Oui, je sais, cela peut prêter à sourire, surtout pour qui sait combien j'ai la publicité de masse en horreur. Pourtant, je dois reconnaître que lorsque les publicistes s'affranchissent du carcan conventionnel du spot de 30 secondes, quand ils laissent la beauté dérouler son voile sous la forme d'une histoire délicate, quand pour comble de plaisir, ils font interpréter l'histoire par une merveilleuse actrice comme Audrey Tautou, alors là, on change de registre. Voire, on touche au sublime.
D'abord vient la quête sans cette contrariée...
Alliance des contraires dans le jeu sans fin de la séduction : homme et femme, vitesse de l'express fendant la nuit dans la lenteur calculée des gestes, concentré de retenue et de détermination, ouverture et fermeture de portes à contre-temps, autant de hiatus qui porteront avec eux leur lot de rendez-vous manqués et d'espérances trahies.
La clôture est là. Inconcevable et pourtant bien présente. Cloison séparant deux regards qui partagent le même rêve (que d'accents circonflexes !), mais ne parviennent pas à se faire face.
Pourtant, à l'image de l'épilogue du merveilleux clip Chanel de Jean-Pierre Jeunet qui aura eu le don de m'inspirer cette sortie du spleen, il faut croire que la vie peut réserver de belles choses à qui sait attendre.
Et que les amants, enfin retrouvés, sauront s'enlacer au coeur de la rosace de la vie.
Le week-end dernier, je me suis rendu avec mon fils J. à l'exposition "Le Voyage Imaginaire d'Hugo Pratt" à la Pinacothèque de Paris. Le parcours s'apparente à un dédale : on monte à l'étage pour s'imprégner du monde de Corto Maltese tel que l'a voulu son auteur, Hugo Pratt. Puis, on s'enfonce dans le ventre du bâtiment, au sous-sol. Là on plonge dans l'imaginaire du héros : la mer, les femmes et les indiens y sont à l'honneur. Nombre de planches - notamment celles de la Ballade de la mer salée - sont exposées au format original, en italien. Que du bonheur !
Après avoir descendu les escaliers qui mènent au sous-sol, mon regard se porta sur une série d' aquarelles monochromes. Intitulée "Occident", cette séquence de 6 planches représente tour à tour des feuilles mortes virevoltant d'arbre en arbre, se transformant progressivement en danseuses de ballet. Le mouvement se fige ensuite sur le visage d'une belle femme, dont les traits se dissolvent progressivement pour revenir au mouvement tourbillonnant de la feuille. Elle disparaîtra presque cette feuille. Pourtant, au moment où elle va s'éclipser, elle renaît sous la forme de deux petits animaux, un chat et un oiseau cheminant délicatement. La dernière image représente la fin du périple du chat et de l'oiseau. A l'arrêt, ils écoutent avec attention un Corto Maltese assis nonchalamment sous le feuillage d'un arbre.
Cette série m'a ému. Avec la légèreté que seules les aquarelles savent restituer, elle brosse le récit de l'histoire de l'humanité. Un simple courant d'air et c'est la vie qui prend forme. Maginifique allégorie qui renvoie au texte biblique sur la création du monde. Comme mouvement d'abord, puis comme corps et comme voix, enfin. Car c'est bien connu depuis le prophète Elie, le Créateur n'est ni dans l'ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu qui ravage tout ; il est dans le souffle léger de la brise (1R 19:11-12). De ce subtil murmure naît la vie, avec ses premiers battements de tambour. Celui de ce coeur obstiné dont les lettres enclosent le Livre ou de l'atabaque quand les hommes miment silencieusement la lutte dans la danse appelée capoeira. Après la danse, dans le repos des corps naît le regard et le questionnement vers cet autre qui me ressemble tant, proche et lointain à la fois. Nouveau mystère, nouvelle dissolution, avant qu'il ne se dévoile et s'apaise dans l'émergence du verbe et la douceur du conte.
Le titre - Occident - m'a intrigué. Pourtant, à la réflexion, je me suis souvenu que tous les récits fondateurs de notre civilisation évoquent cette séquence : une mise en mouvement, la naissance de la vie et de l'homme, la chute, puis l'éclosion du verbe. Dans son dernier livre Musique, Michel Serres se réfère à ce qu'il appelle le Grand Récit et revisite la généalogie des Muses pour nous montrer comment elles accompagnent un processus de domestication du bruit. D'abord viennent les maîtresses du ryhtme : Polymnie, le mime et Terpsichore, la danse. Avec elles, le bruit se fait corps. Puis apparaissent celles qui vont mettre le bruit en mélodie : Euterpe, la flute et Erato, le chant. Désormais, le tumulte se fait voix. Uranie émerge ici, muse de la connaissance et des astres. Après elles, les benjamines se font princesses du verbe : Melpomène (tragédie), Thalie (comédie), Calliope (poésie épique) et, pour conclure, Clio, la muse de l'histoire.
Vie, voix, verbe : voilà la séquence que j'ai "vue" dans cette frise sans parole d'Hugo Pratt.
Quant à la dernière aquarelle, celle où Corto s'entretient avec le chat et l'oiseau, elle ouvre sur un nouveau questionnement. Mais que peut-il bien leur raconter ? Quels secrets leur divulgue-t-il ? Quels mots emploie-t-il pour disposer d'une si belle écoute ? Nous ne le saurons pas et peu importe, après tout. Car c'est bien connu, il faut se méfier des mots. D'eux peut venir le meilleur mais aussi le pire. Et comme je suis un observateur pessimiste, mais tellement confiant dans le devenir du monde, j'ai choisi en guise de conclusion une autre histoire sans parole qui raconte, elle, le pouvoir des mots, la magie du verbe au service d'autrui. C'est ici.
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