Parmi les thèmes récurrents qui pourrissent la vie du département commercial, il y a le sempiternel débat sur la qualité et de quantité des leads.
Sans forcer le trait outre mesure, le marketing pense bien souvent fournir suffisamment de leads de qualité aux commerciaux pour alimenter le pipeline de ces derniers. Malheureusement, cette vue est rarement partagée par les vendeurs. Voire, côté commercial, il est fréquent d'entendre l'avis exactement opposé, à savoir que les leads fournis par le marketing sont insuffisants en nombre et que, pour couronner le tout, les rares pistes d'opportunités fournies sont d'une qualité qui laisse à désirer.
Comme on entend tout et son contraire dans ce domaine, je voudrais proposer une approche simple , histoire de clarifier le débat et de décrisper les esprits.
En préalable - et il s'agit là d'un point fondamental - il y a lieu d'appliquer une démarche analytique différenciée selon l'origine du lead. Puis, pour chacune des origines mises en évidence, je propose de procéder en trois temps, comme exposé ci-dessous.
Temps n°1 - Recueillir les données de base.
Pour chaque origine de leads et pour un arc temporel (ou période) donné(e), disposer des cinq (5) informations suivantes :
(a) Nombre de deals généré
(b) Panier moyen d'une affaire quand elle provient de cette source
(c) Nombre de leads généré
(d) Coût total de génération des leads
(e) Temps de cycle moyen entre le lead et le deal
Temps n°2 - Calculer les indicateurs de performance de premier niveau
(a) Chiffre d'affaires (CA) généré sur la période
(b) Contribution au CA par lead généré
(c) Coût moyen par lead généré
En général, dans la plupart des organisations que j'ai côtoyées, l'effort d'analyse s'arrête à ce stade, ce qui, on le verra plus tard, peut conduire à des non-sens spectaculaires.
Temps n°3 - Apprécier la performance effective à l'aune de trois indicateurs suivants :
(a) Le coefficient brut d'efficacité (CBE) appliqué à la modalité de génération de leads considérée. Il est calculé comme suit :
(b) Le taux d'effort commercial (TEC) sur la modalité de génération de leads considérée :
(c) Le coefficient syncrétique d'efficacité (CSE) appliqué à la modalité de génération de leads considérée :
Plutôt qu'un long laïus sur les mérites de cette méthode, considérons le cas d'école de la société TARTEMPION. Imaginons que cette entreprise ait décidé d'utiliser deux techniques distinctes de génération de leads : les livres blancs d'un côté (approche traditionnelle) et l'auto-évaluation sur internet de l'autre (approche innovante, adossée sur la technologie et le savoir-faire de la société Link4LEAD). Enfin, en termes de génération de trafic, TARTEMPION a opté pour une aproche faisant la partie belle à l'inbound, à travers l'utilisation de la technologie "adwords" de Google et son équivalent sur LinkedIN.
Trois mois après avoir lancé la campagne de prospection, les chiffres clés de l'activité sont les suivants :
- chaque jour, on assiste bon an mal an à une quinzaine de téléchargements de livres blancs, ce qui, ramené au trimestre donne une base de 900 téléchargements (15 x 20 x 3).
- ces 900 téléchargements (leads) ont généré 9 affaires d'une valeur moyenne de 9 k€ chacune.
- le temps moyen pour conclure ces affaires a été de 44 jours ouvrés.
- au regard de ces résultats, le coût associé à la mise en place et l'exécution de cette campagne sur le trimestre a été de 18 k€ (amortissement du coût de rédaction & diffusion du livre blanc au format traditionnel assorti d'une version e-book + achats de mots clés dans Google et dans LinkedIn).
Sur la même période d'observation, les résultats observés autour de l'utilisation de la technologie de Link4LEAD semblent plus décevants :
- même si, en moyenne, près de 5 personnes chaque jour accèdent à la page dédiée au questionnaire d'auto-évaluation (aussi appelé Smart Audit Interactif), une seulement parmi les 5 va réaliser son diagnostic complet et laisser ses coordonnées. Sur une base trimestrielle, cela donne donc 60 leads (1 x 20 x 3).
- ces 60 diagnostics (leads) ont généré 6 affaires d'une valeur moyenne de 9 k€ chacune.
- sur le plan des satisfactions en revanche, il faut constater que temps moyen pour conclure ces affaires a été plus court (28 jours ouvrés) et que le coût de l'opération est moindre, puisque l'investissement combiné liant la conception/rédaction du Smart Audit Interactif et de l'achat de mots clés s'est monté à 12 k€.
Le tableau ci-dessous résume les chiffres recueillis pour chacune des deux approches.
Pas de surprise. Les indicateurs de premier niveau permettent de conclure que l'approche traditionnelle donne de meilleurs résulats que l'approche innovante : un chiffre d'affaires supplémentaire pour un coût au lead inférieur. C'est sans appel.
Pourtant, cette conclusion est aussi évidente que fausse.
Pour s'en convaincre, il suffit de procéder à une analyse à peine plus approfondie à travers la détermination des trois indicateurs de niveau 2. Et là, que constate-t-on ? Que l'approche innovante fondée sur l'utilisation de Link4LEAD bat à plate couture celle, plus traditionnelle, reposant sur le téléchargement de livres blancs.
Qu'est-ce qui explique un résultat aussi paradoxal en apparence ? Tout simplement le fait que l'approche innovante permet d'amener le lead à un niveau de maturité beaucoup plus grand que celui atteint avec l'approche traditionnelle. Témoin, le fait qu'il faille uniquement 28 jours pour "closer" un lead Link4LEAD là où il en faut 44 avec le livre blanc. Témoin aussi que les taux de conversion "lead" à "deal" n'ont rien à voir : là où l'approche traditionnelle permet de signer 1 deal pour 100 leads, celle reposant sur Link4LEAD jouit d'un taux de transformation dix fois supérieur.
Dans pareil contexte, quelle recommandation formuler à l'attention du marketing de TARTEMPION ? Cela tombe sous le sens :
1. Conserver l'approche traditionnelle autour du livre blanc comme vecteur de génération de trafic. Les chiffres le montrent : les gens ne semblent pas gênés de laisser leurs coordonnées pour télécharger le livre blanc ou l'e-book qui va avec ;
2. En revanche, on l'a vu, les taux de conversion des leads provenant du canal livre blanc sont faibles (9 affaires signées sur 900 leads générés, soit un pâle 1%). Cela dénote un faible niveau de maturité de ces leads, surtout quand on les compare à ceux générés à travers Link4LEAD, dont le taux de conversion est 10 fois supérieur. Par suite, on recommanderait à TARTEMPION de solliciter les téléchargeurs de livres blanc à travers des campagnes d'emailing pour qu'ils s'auto-évaluent avec le Smart Audit Interactif de Link4LEAD.
Il y a de nombreux avantages à cette démarche. D'abord, comme ces personnes auraient déjà laissé leurs coordonnées au moment du téléchargement du livre blanc, il n'y aurait plus la barrière du formulaire de remplissage de coordonnées. Ensuite, cela permettrait d'utiliser harmonieusement et de façon complémentaire chaque approche au mieux de ce qu'elle peut apporter : le livre blanc pour la génération de trafic et le Smart Audit Interactif pour la montée en maturité des leads. Autre avantage : cette recommandation permettrait de concilier élégamment inbound et outbound marketing. Enfin, il serait relativement aisé de l'automatiser (ex : 30 jours après téléchargement du livre blanc, la personne concernée reçoit un courriel pour l'inciter à s'auto-évaluer) dans un esprit en ligne avec ce que préconisent les tenants du "drip marketing".
Comme je l'ai lu ce matin dans le billet du jour de Seth Godin appelé Selling vs. inviting, "l'objectif du marketing devrait être de rendre la vie des vendeurs facile au point de les transformer en hôtes d'accueil et en preneurs de commandes. Voire, le rôle à venir du marketing consiste exactement en cela : imaginer et mettre en branle une stratégie et des tactiques qui rendent les vendeurs superflus".
Car il est bien là l'enjeu. Continuer d'utiliser des indicateurs de performance comme le nombre de leads générés et le coût au lead contitue une hérésie dès lors qu'ils ne sont pas analysés à la lumière du chiffre d'affaires réalisé. De la même façon, croire que tous les leads se valent et qu'ils possèdent intrinsèquement le même potentiel commercial est une gageure. Il suffit pour s'en persuader d'observer le taux d'effort pour les mener à bon port. Dans n'importe quel processus industriel l'efficacité est toujours appréciée au regard de ce qui se passe en aval. Dans la même logique, l'efficacité d'un processus de génération de leads s'évalue au détour d'indicateurs commerciaux : CA, taux de conversion, temps de cycle pour n'en citer que les principaux.
Et vous, où en êtes-vous en la matière ?
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