Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais toutes les personnes que je rencontre me parlent de ROI, le fameux acronyme à trois lettres désignant le Return On Investment, ou retour sur investissement en bon français.
Très récemment, M. , la responsable marketing d'un éditeur de logiciel chez qui je suis intervenu en février dernier pour animer une formation commerciale à l'attention des commerciaux de leurs partenaires m'a posé la question qui tue : "As-tu calculé le ROI de l'acte de formation de février ?"
Cette question a toujours eu le don de titiller mon amour-propre de mâle-alpha-vendeur-de-valeur. C'est pourquoi quand M. m'a posé la question, je lui ai répondu incontinent : "Non, mais c'est une super idée". Et dans un esprit de défi, je rajoutai : "Tiens, faisons-le maintenant si tu veux bien".
Juste à côté de M. et moi, dans le bureau lumineux aménagé façon open space à taille humaine, se trouvait A. A. est un jeune commercial en charge des relations avec les partenaires. A. est un garçon brillant et enthousiaste. Il s'intéresse de façon sincère aux enjeux de ses clients ; il aime décortiquer les raisons pour lesquelles les clients achètent tel ou tel produit, ce qu'ils en font. C'est un vrai plaisir de dialoguer avec lui.
Je l'interpelle : "As-tu en tête des cycles de vente où des partenaires à toi ayant suivi la formation ont appliqué la méthodologie de façon exemplaire ?"
Il me répond : "Oui. Il y a trois cas qui me viennent à l'esprit."
- "On peut les passer en revue ?"
- "Avec plaisir".
Le premier cas mis sur la table concerne un imprimeur numérique très "high tech" ayant acheté pour 60K Euros de logiciels de mon client.
Je demande : "Quel élément particulier de la méthode a permis de conclure l'affaire ?"
- L'attention portée aux enjeux métier du client au-delà de toute autre considération.
- En quoi cela a-t-il été déterminant ?
- A un moment, dans le cycle de vente, quand on a parlé technique, on est tombé sur un problème assez critique. Le fait d'avoir concentré en amont notre attention sur la compréhension de l'enjeu métier, cela nous a permis de ramener le problème technique à sa juste proportion. Nous avons pu discuter sans passion des modalités de contournement puis de résolution du problème sans que cela ne remette en cause le travail fait au préalable dans le montage conceptuel de la solution.
- Pigé. Et d'après toi, sans application de la méthode de vente abordée durant la formation de février, que se serait-il passé ?
- C'est bien simple. On l'aurait fait à l'ancienne, c'est à dire en attaquant bille en tête avec le produit. On en aurait mis plein les mirettes avec une démo flashy. Le client aurait voulu prototyper, serait tombé sur le problème technique et nous aurait écarté de sa consultation.
- Vous n'auriez pas signé l'affaire ?
- Probablement pas.
La fiche qui suit reprend les éléments clés de notre échange.
A. et moi avons ensuite évoqué ensuite les 2 autres cas concernant respectivement un négociant de matériaux de construction...
... et un fabricant d'apéritifs.
A la fin de l'exposé de A., je me tournai vers M. mi-fanfaron, mi-arrogant - si elle me lit et qu'elle se reconnaît dans le propos, j'en profite pour lui adresser mes plus plates excuses - et je lui dis : "Alors, tu vois, rien qu'avec ces trois cas, tu le tiens ton ROI. Et quand tu penses, qu'en plus, on vient de recueillir juste l'avis d'un seul responsable commercial partenaire".
A ce moment, M. me promit de s'enquérir auprès des autres responsables partenaires pour savoir s'ils avaient eux aussi des cas manifestes où l'application de la méthode avait engendré une modification favorable du comportement d'achat client.
Maintenant, comme il était près de 13 heures et que j'avais un engagement dans une autre société sur le coup des 14 herues, je quittai les bureaux de mon client et me précipitai dans le premier bar venu pour casser une petite graine. Je commandai une tartiflette salade. Alors que je dégustais mon plat, H. , le responsable de l'activité partenaires du client que je venais de quitter rentra dans le bar pour prendre un repas vite fait bien fait. Nous nous sommes reconnus, salués et avons décidé de déjeuner ensemble. Je lui ai retracé dans les grandes lignes ma discussion avec M. sur le ROI de l'acte de formation de février. Et là, comme pour conforter la démarche initialisée avec A., H. me raconta le cas d'un autre commercial partenaire, qui avait appliqué la méthode pour réduire les rabais consentis en fin de cycle de vente, lors de la phase de négociation finale.
Alors, résumons-nous un peu.
Côté ROI, en moins de 2 heures d'entretiens et dans le cadre d'une démarche on ne peut plus partielle et empirique, je venais de receuillir auprès de A. et de H. l'expression d'une valeur quantitative de 66KE (54KE + 12KE), ce qui ramené à l'investissement de la formation me permettait de déduire que le ROI après 8 mois était de 83% (résultat du calcul : (bénéfice - coût) / coût). Qui plus est, pour avoir une appréciation complète de ce fameux ROI, il fallait ajouter un certain nombre d'éléments immatériels ou difficilement quantifiables comme la réduction des temps de cycle, la plus grande sérénité dans la conclusion des affaires et la meilleure tenus des forecasts, à savoir des prévisions de vente.
Maintenant, au-delà des chiffres, s'il me faut retenir une seule leçon de ce que je viens de relater ici, c'est que, bien plus que le résultat d'un calcul savant, la détermination du ROI passe avant tout par la collecte de belles histoires...
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