
Dans les précédents billets consacrés au pipeline idéal, j'ai abordé ce que c'était (ici) et comment le calculer (là). Le propos d'aujourd'hui consiste à répondre à la double question : "mais à quoi cela sert-il ?" et "comment en faire bon usage ?".
Le
pipeline idéal sert, on l'a vu précédemment, comme étalon à l’aune duquel évaluer la performance d’un
commercial ou d’une équipe. Il sert donc à identifier les écarts entre une
situation désirée, réputée idéale et la réalité.
Imaginons qu'après avoir mis côte à côte "pipeline observé" et "pipeline idéal", vous disposiez de la représentation suivante :

Que dire ?
Bah. Pas grand chose à ce stade, si ce n'est qu'il manque un certain volume à l'étape 1, mais qu'en contrepartie, il y a un excédent significatif aux étapes 2 et 3. Cela vous avance-t-il réellement ?
Alors pour pousser un peu plus loin le bouchon, je vous invite tout d'abord à basculer sur une représentation normalisée autour du pipeline idéal. Ce changement a le mérite de vous permettre d'opérer l'analyse d'écart en un clin d'oeil :

Mais là encore, qu'est-ce que cela vous apporte réellement ?
Le véritable clé de lecture d'un tableau de comparaison entre pipeline observé et pipeline idéal tient à la grille de correspondance entre les étapes de votre processus de vente d'une part et les compétences auxquelles elles renvoient, de l'autre.
Illustrons
le propos à travers l’exemple suivant :

Pour commencer le parcours initiatique sur l'art et la manière de bien interpréter les écarts, je vous invite dans un premier temps
à visualiser le pipeline comme le cours d’un fleuve et à ne vous intéresser qu'aux
irrégularités de parcours facilement repérables par la présence d’un excédent ou d’un
déficit.
En procédant de la sorte, c’est-à-dire en
filant la métaphore du cours d’eau, vous allez vous intéresser d’abord à la
source de votre pipeline pour constater un problème évident d’alimentation en
nouvelles opportunités.

Ce problème d’alimentation à la source va
se répercuter en aval. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas lieu de
s’inquiéter outre mesure de la présence du déficit à l’étape 2, tant il est
évident a priori qu’il découle du manque de débit au niveau de l’étape
précédente.
En revanche et toujours en vous focalisant
sur les irrégularités de parcours, vous observerez l’étrange présence d’une
‘‘bulle’’ à l’étape 3. Cette bulle est suivi d’un déficit d’opportunités à
l’étape suivante, la 4. Toujours en vous référant au cours d’eau, c’est un peu
comme si vous étiez en présence d’un lac en 3. Le fait que l’étape 4 soit en
déficit laisse imaginer la présence d’un défilé étroit au sortir de l’étape 3.
Au sens propre comme au sens figuré, vous êtes donc en présence d’un goulet
d’étranglement.

A ce stade de l’analyse, les deux questions
à vous poser sont : ‘‘Quelles sont
les compétences commerciales associées d’un côté au passage à l’étape 1 et de
l’autre au passage à l’étape 4?’’
Dans le premier cas de figure, la réponse
coule de source. Il s’agit de la prospection. Et ce quelle que soit
la signification que vous aurez donnée aux différentes étapes de votre
processus de vente.
En revanche, la situation peut s’avérer
plus complexe lorsque vous vous poserez la question de savoir quelle compétence
commerciale est en jeu dans le cadre du passage de l’étape 3 à 4.
Si votre processus de vente est structuré
autour des étapes clés structurant la façon dont vos clients prennent des
décisions d’achat en votre faveur, alors cela devrait être facile à identifier.
Dans l’illustration ci-dessous, les 4 étapes du processus de gestion
d’opportunités sont :
- Découverte des besoins
- Qualification des
interlocuteurs et de l’opportunité
- Evaluation
- Négociation
… ce qui correspond assez bien à la façon
dont les clients structurent leurs démarches d’achat en environnement B2B.
Là, il est relativement aisé d’associer une
compétence commerciale à chaque étape et/ou passage d’une étape à une autre.
Dans le cas de figure qui nous intéresse,
l’excédent d’opportunités en 3 (évaluation) concomitant avec un déficit en 4
(négociation) indique que le commercial a, selon toutes probabilités, des
difficultés à mener à bien les cycles d’évaluation avec ces prospects. La
compétence en jeu est le contrôle de cycle de vente, puisque
c’est durant cette étape que le commercial doit savoir piloter les multiples
facettes d’un processus d’évaluation (gestion de la preuve, construction du
plan de mise en œuvre, justification économique, validation procédurale et
contractuelle), tout en maîtrisant la communication avec le ou les décideurs
côté client.

Il est intéressant de noter à ce stade
qu’en l’absence de processus de vente structuré autour de l’expérience d’achat
idéale côté client, vous risquez de vous trouvez en présence d’une aporie chère à mon ami Guillaume, d'une impasse
herméneutique ou, pour parler plus sobrement, d’une véritable difficulté
d’interprétation.
Si, par exemple, votre processus de vente
est articulé autour d’une séquence d’activités comme ‘‘1er rendez-vous’’,
‘‘Présentation’’, ‘‘Démonstration’’, ‘‘Proposition’’, l’analyse des écarts
entre pipeline idéal et pipeline effectif risque de vous révéler que le
commercial a trop d’opportunités en étape de ‘‘Démonstration’’ et trop peu en
étape de ‘‘Proposition’’. Quelle conclusion en tirer ? A nouveau,
posez-vous la question : ‘‘Quelle
compétence commerciale est en jeu dans le passage de l’étape de démonstration à
celle de proposition ?’’ Et là, il y a tout lieu de croire que vous
aurez toutes les peines du monde à savoir s’il s’agit d’une difficulté à
développer la solution, à s’adresser aux bons interlocuteurs ou à contrôler le
cycle de vente…
Ma première recommandation est claire : pour
que l’utilisation du pipeline idéal soit riche en information, il importe que
votre processus de vente soit architecturé autour de la façon dont vos clients
organisent leur prise de décision en votre faveur et que chaque étape de ce
processus de vente corresponde, par simple effet miroir, à un moment clé dans
le cycle d’achat client. C’est à cette condition que vous pourrez détecter
quelles sont les compétences commerciales en jeu à l’intersection de chaque
étape de votre processus de vente. Et dès lors que vous pouvez identifier la
nature des compétences à développer, vous vous trouvez en situation de faire grandir
et progresser vos équipes.
Ma deuxième recommandation tient plus à un conseil pratique. Beaucoup de clients me demandent ce qu'il en coûte d'automatiser cette démarche. En répons à cette question, je ne saurais trop recommander de considérer attentivement l'offre proposée par l'éditeur de logiciel SalesClic. En offrant une couche d'intelligence analytique sur les données de pipeline commercial, SalesClic offre une visibilité immédiate sur l'analyse des écarts entre performance souhaitée et performance réelle. Un complément indispensable à mon sens pour les utilisateurs de Salesforce, de Highrise, voire de Google Apps qui souhaitent mettre de l'intelligence dans leur gestion d'opportunités.
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