J'adore cette scène tirée des Initiés (Boiler Room dans sa version originale) de Ben Younger.
La raison en est simple. Vin Diesel, le courtier de génie donne une leçon de vente magistrale. En moins de 3 minutes, avec l'aide d'un simple téléphone et la complaisance de ses collègues, il parvient à vendre 2.000 actions d'une société inconnue à un docteur qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.
C'est un véritable tour de force. Avec une assurance indéfectible, il fait progressivement passer son interlocuteur d'un intérêt mitigé, vers un intérêt avéré, lui fait reconnaître explicitement son intention d'acheter, place la barre haut avec un engagement minimal à 2.000 actions, puis aiguise son avidité en simulant avec la complicité de ses collègues de plateau, un passage éclair dans une salle de marché en ébullition où les agents s'arrachent le titre en jeu. Une fois que le malheureux docteur est au comble de son excitation, Vin Diesel n'aura de cesse de tempérer alors ses ardeurs en recommandant de s'en tenir aux 2.000 actions. Ce qui apparaissait comme énorme au docteur deux minutes auparavant, est devenu une "petite transaction" de rien du tout, juste histoire de tester la relation avant de s'engager sur du lourd.
J'adore la séquence. En manoeuvrant son interlocuteur de l'intérêt vers le désir d'achat, puis la minimisation des facteurs de risques, Vin Diesel exprime une connaissance profonde de la psychologie d'achat de ses prospects. En soufflant le chaud, puis le froid, il emprunte un "ascenseur émotionnel" que ne désavouerait certainement pas Gad Elmaleh.
Pourtant, comme vous pourrez aussi bien l'imaginer, j'abhorre cette scène au moins autant que je ne l'aime. En effet, Vin Diesel met sa fine intelligence psychologique au service de la tromperie. En clair, il transforme son expertise en arme pour "baiser" ses clients à grands renforts de trucs, manipulations et autres effets de manche en tout point spectaculaires.
Et au passage, je suis sûr que vous ne manquerez pas d'apprécier l'importance des silences dans l'allocation des temps de parole. Là encore, chapeau bas Monsieur Vin Diesel.
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