Qui dit innovation, dit nouvelle façon de faire et donc nouveaux indicateurs pour mesurer les progrès effectués. Sur ce registre, les éditeurs de solutions « SaaS » (Software as a Service) accessibles sur le « Cloud » ont un avantage fabuleux sur leurs confrères nécessitant l’installation de logiciels sur les serveurs du client. Cet avantage, c’est la gestion des données pour compte de tiers. Car avec cette gestion des données vient la capacité à identifier les meilleures pratiques, détecter les performances erratiques et suivre l’évolution des choses dans le temps et dans l’espace. S’il y a quelqu’un qui a bien compris cela, c’est bien mon ancien collègue Charles Nicholls. J’ai connu Charles alors qu’il était directeur marketing de Business Objects Grande-Bretagne à la fin des années 1990. Je crois pouvoir dire sans être suspecté de flagornerie éhontée que c’est un des meilleurs professionnels de marketing qu’il m’ait été donné de rencontrer dans le domaine des hautes technologies. Après une série de vicissitudes sur lesquelles il n’y a pas lieu de s’appesantir dans cette tribune, Charles Nicholls crée SeeWhy. SeeWhy est une société spécialisée dans le « retargeting » de chalands ayant abandonné leur caddie sur des sites marchands avant de passer à la caisse. La promesse est simple : faire en sorte que le chaland ayant pris la fille de l’air revienne terminer son acte d’achat initialisé sur le site marchand. En bout de course : une meilleure performance commerciale se traduisant par un taux de conversion en augmentation. Là où est le trait de génie, c’est que dans ce marché on ne peut plus surpeuplé des sociétés promettant un accroissement du taux de conversion, Charles Nicholls prend le marché à rebours en faisant la promotion d’un indicateur : le taux d’abandon de caddie. Et il mène si bien sa marque que certains médias – au nombre desquels le prestigieux New York Times – s’approprient l’indicateur en question et en font un baromètre de la santé du commerce en ligne. Pas un article sur le « black Friday » ou le « Cyber Monday » sans que le journaliste ne fasse référence à l’indicateur de taux d’abandon des achats en ligne publié par SeeWhy. En quelques mois, la messe est dite. A force d’être dans la presse, SeeWhy devient le point de passage obligé, la référence pour les sites de commerce en ligne souhaitant améliorer leur taux de conversion. En institutionnalisant cet indicateur, la société s’est taillée une notoriété. Mieux, elle a démontré au marché, le type de valeur qu’elle pouvait apporter au monde. Enfin, de façon subtile, elle a permis au marché de tirer la conclusion : « Ces gens-là savent de quoi ils parlent ».
Commentaires