Récemment, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Fabienne. Fabienne dirige les opérations chez ELIUM, une société d’origine belge spécialisée dans la mise en place de plateformes de partage de connaissance et d’échange collaboratif au sein des organisations.
Fabienne et moi avons échangé sur la difficulté à créer une relation de confiance quand on est commercial.
Toutes les études à disposition mettent en évidence combien les commerciaux inspirent peu de confiance auprès de leurs interlocuteurs. Une étude récemment publiée par Hubspot sur ce sujet est on ne peut plus éloquente. Au sein d’un éventail de 20 professions proposées, les commerciaux – et les femmes et hommes de marketing, soit dit en passant – obtiennent une note lamentable puisque 5% uniquement des gens leur font confiance.
Autrement dit, 95% des gens ne font pas spontanément confiance aux commerciaux. Seuls les courtiers en bourse, les hommes et femmes politiques et les lobbyistes pâtissent de scores encore plus mauvais.
A y regarder de plus, on observe ici que les professions qui obtiennent la faveur du public en termes de confiance spontanée – les médecins, les pompiers, ou les enseignants – partagent en commun une orientation forte vers l’autre. L’essence même de leur profession consiste à apporter du bien-être à autrui, qu’il s’agisse de le sauver pour le pompier, de le guérir pour le médecin ou de l’éduquer pour l’enseignant.
Au contraire, les professions de bas de tableau où figurent vendeurs et « marketeux » se caractérisent par un centrage narcissique. Le vendeur sert avant tout son intérêt, tout comme la femme ou l’homme de marketing ou encore le lobbyiste.
Une autre remarque qui s’impose est que toutes les professions référencées requièrent une expertise de la part de qui l’exerce. Or cette expertise ne semble pas être le point fondamental qui explique les écarts de score entre professions. C’est le fait de voir les avocats, profession nécessitant de nombreuses années d’études trapues, recueillir un taux de confiance à peine plus élevé que les tenanciers de bar, qui m’amène à cette conclusion.
Vous connaissez sans doute l’équation générale qui donne le niveau de confiance que nous pouvons inspirer.
Cette équation a été popularisée par la magnifique expérience de Joshua Bell jouant dans le métro et recueillant quelques maigres dollars après avoir fait salle comble à l’orchestre symphonique de Boston.
Pourtant, après analyse, il me semble que ce qui figure au dénominateur compte beaucoup plus que ce qui se situe au-dessus de la barre de division, ou, autrement dit, les qualités intrinsèques liées à l’exercice d’une profession semblent détrônées par la notion de centrage sur l’autre.
Pensez à toutes ces phrases qui émaillent les propos des hommes et femmes de vente et marketing. Tous ces « pas de soucis », même pas corrects d’un point de vue respect de la langue, ces « de vous à moi » censés créer une intimité là où il n’y a pas lieu d’en créer, ces « en toute franchise » qui puent l’entourloupe à plein nez. Pensez à des phrases comme : « Si vous passez la commande aujourd’hui, je vous octroie 20% de rabais » ou « Attention, à partir de demain, je ne peux plus garantir le prix ». Qu’indiquent-elles si ce n’est un centrage exclusif sur soi, une obsession de ramener la commande ou de provoquer l’achat le plus vite possible ?
Toutes ces phrases tuent la confiance car elles transportent avec elles un parfum de trahison et font refluer dans l’imaginaire du client les dizaines de fois où, après avoir entendu pareil boniment, il se trouva confronté à une situation inverse à celle qu’il désirait.
C’est pourquoi, au risque d’apparaître grossier – quand j’exerçais la profession de commercial, mes chefs avaient coutume de dire que j’avais une fâcheuse tendance à simplifier les choses à outrance – et quitte à faire se retourner dans sa tombe le bon Aristote, je réduirais l’expression de la confiance à quelque chose d’encore plus sommaire, à savoir :
En guise de conclusion, je cède la parole à Fabienne : "Au bout du compte, deux notions sont intimement liées à la confiance : l’authenticité et l’empathie. Un vendeur qui est authentiquement lui-même, ne joue pas un rôle. Si, de surcroît, il s'intéresse aux enjeux de son client et s'inscrit avec lui dans une démarche sincère de développement de solution, alors la confiance émergera tout naturellement."
--
NB : le présent billet a aussi fait l'objet d'une publication sur LinkedIn. Vous pouvez y accéder en cliquant ici.
Les commentaires récents